CHRONIQUE

L’histoire du village décimé par la seule faute de…

(N°13) Il était une fois des voisins qui décidèrent d’aller habiter ensemble, dans une même concession, ce pour être en mesure de combattre tout intrus qui aurait pour projet d’intenter à leur vie. Ce fut l’Éléphant, le Lion, la Panthère, Dami-Ñaaga-l’Hyène, le Serpent, et Bsire-le-Lièvre. Ils quittèrent tous les anciennes habitations pour aller créer un nouveau village, loin dans la forêt.

Cependant, par soucis de préserver ambiance gaie et les liens de bon voisinage, ils se promirent de respecter certaines règles pour le moins élémentaires. Ils se réunirent, et l’Éléphant, secondé par le Lion, fut désigné le nouveau roi des lieux.

Justement, à propos des bonnes habitudes à tenir, comme ils se connaissaient à peine, il fut décidé à chacun de se prononcer sur ses interdits, ses tabous que jamais nul ne devait enfreindre. 

  • Moi Éléphant, chef de tous, je déteste la poussière, la fumée. Mes narines sont très larges, et la moindre poussière ou fumée peut me coûter la vie. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !
  • Moi Lion, je n’aime pas qu’on se foute de moi, de ma gueule je dois dire. Je ne laisse aussi personne se foutre de son voisin, simplement parce qu’on est plus puissant ou plus fort que lui. Je prends parti pour défendre le plus faible. Comprenne qui voudra !
  • Moi Serpent, vous savez bien que je suis le plus malingre de tous. Je rampe, et la nuit je suis confondu avec une corde. Faîtes gaffe alors de savoir où foutre votre pied la nuit pour ne pas me piétiner. Sinon, je mors. Je n’aime jamais le mépris. Que celui qui possède des yeux, les ouvre bien pour voir !
  • Moi Panthère, je déteste qu’on me regarde avec insistance pour rien, qu’on me fixe du regarde. Je n’aime pas ça du tout. Parce que quand je me fâche, je saute sur ma proie, et tant pis pour celui ne comprendra pas.

Tous écoutèrent les uns et les autres et s’accordèrent à respecter ces principes, gage d’une paix durable. Mais Dami-Ñaaga-l’Hyène ne dit rien. À la question de savoir si elle avait ses principes,  ses interdits, elle répondit sèchement :

  • Je n’en ai aucune. Point barre.
  • Comment est-ce possible que tu n’aies pas d’interdits ? Tout être vivant en a, des choses comme ça  qu’on déteste, n’est-ce pas? lui répliquèrent ses voisins un peu surpris.
  • J’ai dit que je n’ai aucun tabou. Aucun interdit. Je ne déteste rien. Que celui qui ne veut pas comprendre, cherche autre chose à savoir ! leur répondit-elle.

Sur ce, Bsire-le-Lièvre pris ses affaires pour s’en aller. Parce que pour lui, dans une vie en communauté et dans de tels cas de figure, si quelqu’un veut vous faire comprendre qu’il n’a aucun interdit, alors il faut bien être sur ses gardes. C’est lui le poison et le trouble-faite.

Le temps passa, puis la Panthère sommeilla profondément. Dami-Ñaaga-l’Hyène vint à sa hauteur, s’approchant encore plus près. Elle la scruta avec une envie démesurée. Comme si elle sentait ses regards envieux, la Panthère ouvrit son œil et se réveilla :

  • C’est quoi tes manières de regarder les gens comme ça ? Ne t’ai-je pas dit que je déteste ça, hein ?
  • J’ai simplement eu faim. Je guettais ta grosse cuisse-là, lui répondit Dami-Ñaaga-l’Hyène très culotée.

Avant même de terminer ses propos, la Panthère sauta sur elle pour l’étrangler. Elle s’effondra. Bsire-le-Lièvre courut en toute vitesse dénoncer la Panthère auprès du Lion. Furieux, ce dernier fila trouver la meurtrière.

  • Pourquoi as-tu fais cela ?
  • Je vous avais bien dit que je n’aime pas qu’on me fixe du regard. Je déteste cela, lui répondit la Panthère.

Le Lion se jeta sur elle, et la broya d’un seul coup. La Panthère expira aussi. Bsire-le-Lièvre fila de nouveau en trompe pour aller dénoncer le Lion auprès de l’Éléphant qui, avec toute sa masse, se pressa d’aller faire la peau au Lion. Ce dernier n’eut même pas le temps de s’expliquer quand l’Éléphant souleva sa trompe, déversa sa charge sur lui, puis le Lion rendit l’âme. Dans la bousculade, l’Éléphant, sans s’en apercevoir, piétina le Serpent qui s’énerva et le mordit avant de rendre l’âme. L’Éléphant zigzagua, puis s’écroula de toute sa masse, décédée. En chutant, l’Éléphant s’écrasa sur le Lièvre qui ne l’avait pas vu. Bsire-le-Lièvre mourut aussi. Ainsi tous perdirent la vie.

À qui donc peut-on imputer la faute et la responsabilité de la mort de tous? 

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