CHRONIQUE

Dami-Ñaaga-l’Hyène et les brebis de la vieille dame (Partie 1)

(N°15) Il est toujours admis qu’en temps mauvais, l’être humain se comporte généralement selon ce qui peut réussir. Or dans ces situations, la réussite est synonyme de la transgression hardie des consignes les plus élémentaires de la vie. Et pour preuve, il était une fois l’Hyène et encore l’Hyène.

La famine qui s’était plu à revenir au village cette année-là, était tombée au mauvais moment où le scrupule et la honte n’avaient plus droit de cité chez les peuples comme aux jours meilleurs d’antan. Dami-Ñaaga-l’Hyène et Bsire-le-Lièvre, pris de court par les évènements et qui avaient trouvé le sens de la débrouille, s’en furent chacun de son côté à la quête de la nourriture afin de calmer les esprits déjà irrités des enfants qui refusaient de comprendre toute logique des faits tant les jours devinrent plus durs.

Le Lièvre s’était posé mille et une questions devant le retard incompris de l’Hyène qui tardait à rejoindre le village. Ce jour-là, elle n’avait trouvé mieux que de se rabattre sur de l’argile afin assouvir sa faim. Le soir venu, les deux pères de famille en mal de joindre les deux bouts revinrent finalement chacun avec sa provision.

  • Laisse-moi voir ce que tu as ramené, le Lièvre lui demanda-t-il.

Il plongea son regard dans la gibecière de l’Hyène, prit une portion et goûta.

  • Dis-donc ! C’est de l’argile, de l’argile, de l’argile ! Ptttttttttttttttttttttttttt ! C’est du poison mortel !

Visiblement abasourdie et très en colère contre sa propre personne à cause de sa maladresse, l’Hyène s’en prit à son sac dont elle vida le contenu sur-le-champ. Elle se tourna vers le Lièvre, saisit sa queue et lui dit.

  • Qu’est-ce que tu as apporté ? Du miel ? Où l’as-tu trouvé ? Je ne te lâcherai guère tant que tu ne m’auras pas conduit et indiqué l’endroit où tu l’as tiré.

L’Hyène suivit donc son compagnon jusqu’à l’endroit où ce dernier avait récolté le miel un peu plus tôt. Elle monta sur l’arbre, introduisit avec sa tête dans le trou trop rétréci. Finalement, elle parvint avec grande difficultés, et commença à remplir de nouveau son ventre, puis son récipient. Le Lièvre qui patientait au pied de l’arbre, cria d’une voix forte :

  • Dami-Ñaaga, tu descends vite ! Du feu de brousse allumé !

Dans la précipitation, L’Hyène retira violemment sa tête du trou et sortit avec une grosse balafre. Déséquilibrée, elle tenta de poser son pied sur une branche sèche qui se rompit, et du coup il se retrouva par terre avec le crane complétement endommagé. Elle ramassa la peau du crane qu’elle remit à sa place et prit le chemin de la maison.

Là, elle trouva une Vieille dame assise au le seuil de sa case, très enrichie grâce à son troupeau de chèvres qui attirait l’attention de plus d’un:

  • Bonsoir, Vieille maman ! Je voudrais vous demander juste un petit service. Voudriez-vous bien me raser la tête ; je ne supporte plus mes cheveux devenus trop hirsutes ?

Service que la Vieille dame accepta en toute modestie comme d’habitude, sans soucis du lendemain.

  • Et commencez à raser plutôt par le milieu, ça apporte la prospérité, lui instruisit l’Hyène.

La Vieille dame se mit alors à la tâche…

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