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Sanction de la CEDEAO – A quoi peut s’attendre le Mali ?

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) suspend le Mali de toutes ces instances à la suite du second coup d’État de la semaine dernière, à l’occasion d’une réunion extraordinaire à Accra dimanche.

Cette décision survient après que les dirigeants africains se sont réunis au Ghana pour discuter de la deuxième prise de pouvoir militaire qui compromet la transition vers un régime démocratique.

La ministre ghanéenne des affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchwey, précise que la suspension prend effet immédiatement jusqu’à la fin du mois de février 2022, date à laquelle l’élection présidentielle doit avoir lieu et où les militaires remettront le pouvoir à un président démocratiquement élu.

La CEDEAO exige que la junte malienne organise une élection présidentielle à la date fixée et de nommer immédiatement un nouveau Premier ministre civil par intérim.

D’ici là, l’instance régionale accepte tout de même de continuer à soutenir le processus de transition visant à rétablir l’ordre constitutionnel.

Le Mali a connu deux coups d’État en l’espace de neuf mois.

Après celui contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020, le colonel Assimi Goita a repris le pouvoir en mai 2020 après avoir été mécontent d’un remaniement ministériel au cours duquel deux membres de la junte militaire ont été démis de leurs fonctions par le président Bah Ndaw.

Ce second coup d’État est contraire à une condition essentielle de la CEDEAO, qui avait insisté pour que le gouvernement intérimaire soit dirigé par des civils pendant la période de transition de 18 mois.

Que signifie une suspension par la CEDEAO ?

 

L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan assiste au sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation au Mali, à Accra, le 30 mai 2021

Pour le moment, aucune sanction n’est imposée au pays et au nouveau président de la transition le colonel Assimi Goita qui est confirmé par la cour constitutionnelle malienne vendredi.

La suspension d’un pays est régie par l’Article 45 du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO.

Si elle est politiquement appliquée, le Mali ne pourra plus :

  • participer aux réunions de la CEDEAO
  • accueillir les réunions de la CEDEAO
  • soumissionner à des postes de responsabilité régionales ou sous régionales
  • prendre la présidence tournante de l’instance

En août 2020, la CEDEAO avait ordonné la fermeture des frontières terrestres du Mali avec ses voisins après le coup d’Etat qui a déposé le président élu IBK.

Cette sanction avait provoqué une chute de l’ordre de 30 % des importations du pays.

Ces sanctions ont été levées en octobre 2020.

 

La CEDEAO pourrait-elle imposer d’autres sanctions ?

Après le coup d’Etat contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020, les dirigeants de la CEDEAO avaient pris des sanctions imposant la fermeture des frontières et l’arrêt des transactions financières.

Cette fois-ci, la CEDEAO a décidé de ne pas imposer de sanctions économiques au Mali.

Elle a privilégié plutôt une sanction politique qui ordonne au chef de la junte de nommer à l’immédiat un Premier ministre civil.

 

Macron menace de retirer ses troupes

La France, qui soutient le Mali dans sa lutte contre les militants islamistes avec 5100 soldats, principalement dans la région du Sahel, prévient qu’elle pourrait se retirer du pays si l’instabilité politique déclenchait des activités djihadistes.

« Au président malien Bah Ndaw, qui était très rigoureux sur l’étanchéité entre le pouvoir et les jihadistes, j’avais dit : ‘l’islamisme radical au Mali avec nos soldats sur place ? Jamais de la vie !’ Il y a aujourd’hui cette tentation au Mali. Mais si cela va dans ce sens, je me retirerais », réagit Emmanuel Macron dans un entretien accordé à la presse française à l’occasion de son voyage au Rwanda et en Afrique du Sud.

Le président français dit avoir souligné aux dirigeants d’Afrique de l’Ouest qu’il « ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ».

Toutefois, cette menace est difficile à appliquer souligne Aliou Tounkara, le directeur du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel.

« Je pense qu’il faut quand même être lucide avec ce discours. En aucun cas la France peut, dans avenir proche, prétendre à un départ immédiat de ses forces présentes dans le Sahel », dit-il.

« Je pense qu’une telle déclaration, quand on sait le rôle déterminant que joue la France dans le cadre de la lutte contre les djihadistes dans le Sahel et en particulier au Mali, c’est d’acculer les autorités de la transition et prévenir contre une éventuelle intervention d’une force étrangère russe sur le sol malien », explique M. Tounkara.

Aliou Tounkara rappelle qu’il y a de plus en plus de voix qui demandent ouvertement que l’armée russe vienne en aide à l’armée malienne.bbc

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