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Rejet d’une résolution américaine pour prolonger l’embargo sur les armes en Iran

Le Conseil de sécurité a rejeté vendredi 14 août une résolution concernant les sanctions imposées à l’Iran dans le dossier nucléaire. Le texte, présenté par les Etats-Unis, visait à prolonger de manière illimitée l’embargo sur les armes. Mécontents, les Américains menacent désormais rétablir unilatéralement les sanctions en vigueur avant l’accord signé à Vienne en 2015, plus que jamais en péril.

La résolution présentée par les États-Unis visait à prolonger de façon illimitée l’embargo sur les ventes d’armes imposé à l’Iran. Un texte qui ne bénéficiait guère de soutien au sein du Conseil de sécurité et sans réelle surprise qu’il a été éconduit, suscitant malgré cela l’ire de l’oncle Sam.

En principe, ces sanctions sont censées expirer le 18 octobre prochain, comme prévu par l’accord sur le nucléaire iranien, signé en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances. Accord que Donald Trump fraîchement élu en 2016 s’était empressé de quitter. Le projet de Washington n’a été approuvé que par deux pays, a annoncé l’Indonésie, qui préside actuellement cette instance. Deux autres, la Russie et la Chine, ont voté contre et les onze membres restants du Conseil se sont abstenus, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, alliés européens des États-Unis.

L’accord de Vienne en péril

Malgré une défaite sans surprise hier, les Américains, échaudés, pourraient bien poursuivre leurs efforts, usant d’un mécanisme qui pourrait plonger les Nations unies dans une crise historique : le « snapback ». Concrètement, bien que le président Donald Trump ait retiré en 2018 les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien qu’il jugeait insuffisant, la diplomatie américaine menace désormais d’invoquer son statut de pays « participant » à ce même texte, issu de la résolution de 2015, pour imposer unilatéralement le rétablissement des sanctions de l’ONU levées en échange des engagements nucléaires iraniens.

Une telle manoeuvre, sur la base d’un argument juridique contesté par de nombreux membres du Conseil, y compris parmi les alliés européens de Washington, risquerait de pousser l’Iran à claquer définitivement la porte de l’accord nucléaire, dont il a déjà commencé à se désengager. Et donc à acter la mort du texte de 2015. « Dans les prochains jours, les États-Unis vont donner suite à cette promesse de ne reculer devant rien pour prolonger l’embargo sur les armes », a dit dans un communiqué l’ambassadrice américaine à l’ONU, Kelly Craft.

Si le snapback est enclenché, ce sera le début d’un long contentieux qui pourrait au final affaiblir le rôle même des Nations unies en tant qu’institution. Derrière cette manoeuvre américaine, certains voient la volonté de Donald Trump de rendre impossible un éventuel retour des Américains dans cet accord, au cas où il ne serait pas réélu en novembre prochain.rfi

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