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EDITO – QUAND LES «LIONS» CACHENT LA SAVANE…

Les nuages de l’euphorie et de la liesse populaire se sont dissipés dans le ciel sénégalais. Les populations qui viennent de goûter, la première fois de leur vie, à la saveur d’un trophée continental (remporté devant les Pharaons), ont lâché prise, parfois dans une ambiance burlesque. Tout donne l’impression que le temps s’est arrêté un moment, et que les compteurs de la grisaille de la vie quotidienne sont remis à zéro.

La rancœur, la roublardise, la feinte exquise etc, qui caractérisent parfois les rapports humains, sont mises entre parenthèses, le temps d’une fête où la démesure frise la déraison.

La fête fonctionne comme un opium, un pansement qui cache juste une plaie, couvre du voile de la pudeur, les frustrations, les disparités, les misères, le trauma d’un peuple. C’est le règne de la pensée unique avec ses «idéologues» baptisés communicateurs traditionnels qui ressassent à longueur d’évènements heureux ou malheureux, la fameuse formule : «Le Sénégal est un et indivisible». Une véritable police de l’opinion dont la mission est d’étouffer tout raisonnement rebelle.

La spirale du silence est aussi imposée, par certains médias, à tout citoyen libre qui veut penser autrement. Même les contempteurs de l’inoxydable entraîneur #Aliou Cissé, baptisé «El Tactico» pour le tourner en dérision, n’ont pas assumé, au nom d’une unité de façade,  leurs attaques ad personam. Bêtes et méchantes ! Ils parlent de critiques «constructives» pour se donner bonne conscience. Diantre !

L’on comprend, alors, aisément pourquoi les fêtards n’aiment pas les personnes lucides qui leur renvoient l’image de ce qu’ils sont réellement. Gui Marie Sagna l’a appris à ses dépens.  

Ces «Lions» venus d’un monde lointain (ils vivent sur la planète Mars des réalités sociales) ne pouvaient être accablés par ces blessures soigneusement dissimulées sous le manteau, les plaintes et complaintes du divan qui, de toute façon, ne livrera jamais toute l’histoire de ce que le peuple profond vit réellement. Ce dernier marche sur une corde raide tendue au-dessus de l’abîme. Mais il a une recette miracle dénommée «téranga» pour sauver les apparences. Le sens de l’hospitalité prend le dessus sur toute autre considération.

Les gouvernements du monde l’ont compris. Ils choisissent ces moments d’ivresse populaire pour inoculer dans le sang du peuple fêtard une dose d’amphétamine pour ne pas sentir la douleur de la pilule haussière. La recette pour endormir le peuple est multiforme: parades interminables, concerts de musique, cérémonies de décoration, discours chantant l’unité, voire l’exception sénégalaise…Tout ou presque, est fait pour dissimiler la hausse du prix du sucre,

En tout état de cause, le printemps laissera planer le spectre d’une sécheresse, tout comme le jour ne sera que promesse de la nuit. Nous voilà plongés dans la dure et imposante réalité de la fracture sociale où l’extrême pauvreté côtoie la richesse la plus insolente.

Le rugissement des «Lions» sur le toit de l’Afrique n’a fait que cacher la savane…d’un quotidien sans éclat, morose et qu’aucune pitance ne peut égayer.

Bacary Domingo Mané (#mondeafrik.com)

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