REGARD PHILOSOPHIQUE

COVID-19 : Cachotterie puis bousculade pour éviter l’enfer

Par Henri Kantoussan

 Sommes –nous à l’heure d’un paradis fermé, suffisamment inaccessible à l’homme ?

Heure où malheureusement ne resterait –il de la place qu’en enfer ?

En représentation courante, le paradis se mérite, l’enfer nous nous y retrouvons sur condamnation.

Par conséquent, si le paradis se ferme, ce n’est certainement pas qu’il soit plein, mais plutôt c’est son profil d’accès qui semble désormais faire défaut dans notre monde, le « monde des humains ». Autrement dit, parmi nous les humains, nul ne peut en toute bonne foi, s’assurer dans ses rapports à autrui et au monde, d’actes le lui rendant méritoire.

Il n’est peut-être pas opportun, ni responsable d’être à la fois pessimiste et alarmiste à ce point.

Mais tout compte fait, l’organisation des rapports interhumains, telle que nous la constatons, nous parait reposer sur une duplicité mensongère. En théorie, nous affirmons les grands principes d’égale dignité, de Liberté et de Justice pour tous. Nous estimons selon une littérature théologique bien connue, que nous venons tous d’« ADAM » l’ancêtre commun, principale source  explicative de notre consanguinité. Consécutivement à cette idée, nous en appelons au quotidien à la culture du respect mutuel, de la fraternité, de l’hospitalité et de la solidarité universelles. Notre humanité s’est même permise au plan juridico-politique le « Devoir d’Ingérence humanitaire », au motif dit-elle, de sauver la vie humaine et sa dignité, partout où elles sont menacées. Cependant, dans la pratique de tous les jours, le spectacle auquel nous sommes habitués est tout autre. A la place de l’unité et de l’égale dignité du genre humain, ce sont pourtant les clivages relevant des disparités raciales, tribales, confessionnelles, socio-professionnelles, économiques ou technoscientifiques. Nous évoluons et participons de façon consciente ou non, à la promotion d’une vie où les déjà « forts » se renforcent, les « faibles » délaissés, pillés, privés par endroit de toute humanité. Sans scrupule parfois, nous estimons qu’entre nous, il y a ceux-là qui « ne sont pas encore suffisamment entrés dans l’histoire » (Discours du Président Nicolas Sarkozy, prononcé le 26 juillet 2007 à Dakar) in L’AFRIQUE Répond à Sarkozy éd. Philippe Rey

Ces « faibles », ces « hommes encore à la marge de l’histoire », n’ont ni droit à la paix, à la justice, à la santé, à une alimentation de qualité, encore moins aux ressources que leur généreux environnement leur a offertes. Ce qui pourrait induire à dire de manière caricaturée que, l’humanité, la nôtre bien sûr, est celle d’un déséquilibre entre le principe et le fait, entre la théorie et la pratique. Le Principe loin d’y guider le fait, sert plutôt à le masquer, à le dissimuler, à l’enjoliver. Lorsque la théorie est en décalage avec la réalité, qu’elle serve à se faire une fausse représentation de la réalité, alors les Marxistes parleraient d’une « conscience fausse » ou « conscience mystifiée ». Type de conscience qui peut être consignée dans la métaphore de la « CAMERA OBSCURA ».  Laquelle Camera devant être conçue comme instrument destiné à entretenir une vision inversée et falsifiée du monde, sans pour autant que nous en soyons toujours conscients. Ainsi, dans une naïve sincérité, nous sommes souvent amenés à prendre l’injustice pour la justice, l’inhospitalité pour l’hospitalité, l’exploitation pour la solidarité ou pour l’aide.

Lorsque nous sommes conduits à voir faussement le monde, à dissimuler nos inégalités, nos indignations, nos injustices et nos divisions dans des déclarations de grands principes, c’est de la cachotterie, de la duplicité mensongère. Attitude qui nous rend presque tous, incapables de paradis. Habitués que nous sommes à nous masquer devant la vérité, c’est par le truchement d’une « ruse de la raison » selon l’expression de Hegel, que nous serons condamnés à sentir l’enfer et à nous bousculer pour l’éviter. Cette « ruse de la raison », en tant que doctrine de Hegel, affirme que dans son animation de l’histoire, la Raison universelle peut à l’insu des hommes, se servir de leurs passions individuelles et de leurs buts particuliers pour accomplir ses propres desseins à elle. Autrement dit, si la Raison universelle veut un monde équilibré et juste, aux antipodes des passions et actes posés individuellement par des hommes, elle peut alors par des calamités, des épidémies, des pandémies ou même des guerres, amener les hommes à œuvrer dans le sens voulu par elle. De ce point de vue, la Raison envoie la déraison combattre à sa place, pour ensuite récupérer les résultats finaux. Peut –être dire, qu’avec ce Coronavirus, la Raison nous met à nu, seuls face à ce que nous avons véritablement choisi pour nous, afin que nous puissions nous reprendre et nous réorienter dans le sens de l’humanité, au sens où l’humanité se comprend comme ce qui nous fait véritablement homme.

 Avec cette apparition mondialisée du Corona virus, nous les humains, les prétendus « maîtres et possesseurs de la nature », seule espèce parmi les autres, à être consciente de ses actes, sommes brutalement désappointés, ne sachant à quel coin de notre « maîtrisée nature  » nous cacher, ni à quel saint nous vouer. C’est l’idée d’un sauve qui peut, d’une débandade pour échapper à une situation pas du tout souhaitée. Plus question de frontières à observer, de migrations à choisir. Tout semble d’un seul coup acceptable pour éviter le mal, l’enfer. On fuit même vers des zones jadis considérées comme déshéritées, peu rassurantes, seulement fréquentées pour assouvir la curiosité touristique. L’humain découvre subitement la vérité de sa fragilité, la contingence et l’artifice des frontières, des nations et des particularités communautaristes. La nature s’est jouée de nous, l’animal que la Raison universelle a placé sous notre dépendance semble prendre le dessus, il nous a contraint à revenir à la raison. Nous enverrons à Sigmund Freud de sa tombe, le message que voici : La Mégalomanie humaine vient encore de subir une autre grande blessure, la quatrième appelée « Corona virus ». Car, avant la propagation interhumaine, l’origine de sa transmission s’est faite de l’animal à l’homme. Aujourd’hui du fait d’un mal qui nous vient du règne animal, nous sommes plongés dans une angoisse généralisée, parce que n’épargnant personne. Pour l’éviter, c’est le lavage des mains, le port de masque, la prise de distance sécuritaire, la fuite vers des lieux supposés encore épargnés, la mise en quarantaine, la fermeture des frontières, l’état d’urgence, le couvre-feu ou le confinement. Dans cette panique mondialisée, c’est l’homme qui fait l’expérience de sa fragilité, de sa paradoxale condition à la fois grandeur et misère. Le souci majeur de cette débandade ou bousculade, est d’échapper à la mort. Ne faudrait-il pas alors s’interroger sur la nature de cette mort qui nous désempare tant avec le coronavirus ? Est-ce la mort biologique ou la mort dans son aspect culturel et métaphysique ? Au plan biologique, il est pourtant clair que la mort est consubstantielle à la vie. C’est dire que tout corps vivant est appelé à mourir. En d’autres termes, tout corps vivant cessera systématiquement un jour de fonctionner. Ce n’est certainement pas cette dimension biologique de la mort qui, aujourd’hui, hante profondément le sommeil des humains. C’est selon toute vraisemblance, la mort dans son aspect culturel et métaphysique qui fait présentement frémir les humains. Car elle seule a trait à l’humaine existence. En ce sens qu’il est de la nature de l’homme, de se réaliser contre le donné naturel. Il nie le milieu physique donné, pour bâtir un cadre humain, il nie également le donné naturel en lui, son animalité pour s’humaniser.  C’est cela qui justifie ce principe anthropologique de Georges Bataille « l’homme est l’animal qui n’accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie ». Georges Bataille, in L’Erotisme, éd.de Minuit, 1957 p.238. Ce qui revient à dire, refuser de mourir comme un animal, c’est-à-dire une mort exclusivement biologique, cela est inhérent à la condition humaine. Au demeurant, pour l’homme, socialement et métaphysiquement, il faut que le deuil se fasse pour que la mort devienne humaine. L’humain en conséquence de cela, a besoin d’être une dépouille et non un cadavre. La mort dans son sens humain, est une valeur de civilisation. C’est pourquoi, à la différence d’un simple cadavre, la dépouille humaine est investie de qualités sociales, morales et spirituelles. C’est sa portée sociale qui explique qu’elle ait besoin d’accompagnement, de cortège funèbre. Au plan moral et spirituel, elle souhaite bénédictions et témoignages avant inhumation ou incinération, poignées de mains au retour d’inhumation ou d’incinération pour soulager les proches éplorés.  Voilà ce que menace sérieusement la mort par Coronavirus. Du fait de sa facilité de propagation et concomitamment aux mesures préventives auxquelles il induit : Interdiction des rassemblements, imposition d’une distance sécuritaire, instauration d’état d’urgence et du couvre-feu, obligation de confinement, avec cette Pandémie, l’homme fait la douloureuse expérience de ce que Martin Heidegger appelle la « Déréliction » ou sentiment d’être seul et abandonné devant la mort. Sans repère et sans secours, alors nous sommes condamnés à nous assumer pleinement. Devons-nous alors nous réapproprier cette maxime : dans une situation d’absence de repères, plutôt que de tournoyer, retourner d’où nous venons ?

C’est le retour à cette interrogation métaphysique : D’où venons-nous ?

A défaut, faudrait-il réinventer la roue, changer de paradigmes et repartir sur de nouvelles bases ?

Autre question d’ordre métaphysique : Où allons –nous ?

Cette deuxième question « Où allons –nous ? », en réalité dans l’ordre de pertinence, est la troisième. Car nous ne pouvons-nous la poser, que si nous nous savions déjà « Qui sommes-nous ? »

Ainsi dit, nous voyons en quoi la bousculade pour éviter la mort par corona virus, réveille en l’homme sa dimension métaphysique et impose à l’humanité, une introspection en vue de son amélioration sociale et spirituelle. Pour un mieux vivre-ensemble, le nouveau monde, c’est-à-dire faisant suite à la pandémie du Corona, devra faire face à un certain nombre d’exigences :

  1. L’exigence de Lucidité

Notre hypothèse de départ aura été que le paradis sans être plein, semble nous être fermé. Situation de fermeture liée à notre faute. Il faut donc avoir une claire connaissance de ce que nous avons fait de notre vie, de notre réalité quotidienne. A l’instar de Schopenhauer, faire preuve d’un réalisme intégral c’est-à-dire, rester clairvoyant et observer l’existence humaine telle qu’elle est,  sans la moindre illusion. En termes simples, l’exigence de lucidité invite à se faire une claire vision de notre existence afin de s’y comporter en conséquence. Notre réalité existentielle, parce que caractérisée par la cachotterie et la duplicité mensongère, nous fait tirer l’enseignement que voici : Sans pulvériser la joie et le bonheur de vivre, nous devons admettre de nos jours et à travers le Coronavirus, beaucoup d’aspects impitoyables et durs de notre existence. L’environnement est chaud et pollué, le respect des droits de l’homme est régulièrement menacé, la vie humaine désacralisée et très manipulable par les technosciences, vient s’y ajouter la menace généralisée de mort par Coronavirus. Comme le suggère la prévention contre la pandémie du Coronavirus : il faut se laver régulièrement les mains. Geste simple mais plein de significations. On y comprend l’idée d’impureté. A l’image de nos mains, il faut aussi nettoyer de notre vie actuelle ses impuretés, ses insalubrités. Pour y arriver, peut-être restaurer la primauté de l’homme dans nos rapports à la nature et à nous-mêmes.

  • L’exigence de Respect réciproque

Par cette exigence, il faut entendre  l’obligation  de  confiance et de considération qu’a priori, chacun doit à chacun .Elle a besoin d’être arrimée à l’idée de l’ « homme comme valeur suprême », principe directeur de tout acte qui vaille dans ce monde. C’est ce que Kant pose comme impératif catégorique «  Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta  personne que dans la personne de tout autre, toujours, en même temps, comme une fin et jamais comme un moyen ». Fondements de la métaphysique des mœurs, éd. Nathan, p.57 Il découle de cette formule de Kant, qu’aucune visée ne peut justifier qu’on se serve d’une vie humaine en vue de sa réalisation. Au contraire, tout autre chose que nous entreprenons doit servir à promouvoir la dignité de l’homme, indépendamment de toute contingence. De façon simplifiée, plutôt que d’utiliser l’homme pour se faire de la richesse, de la puissance, de la renommée, tout cela devrait servir à valoriser la condition humaine. Au prisme de cette exigence, toute morale ou religion qui guiderait notre existence, élèverait l’homme à la grandeur et à la sacralité. Ce qui en toute logique pourrait asseoir à l’échelle de l’humanité, une coexistence stabilisée et responsable.    

  • L’exigence de solidarité universelle et responsable.

L’idée de responsabilité met l’homme en situation de devoir répondre de ses actes, d’assumer sa destinée. Elle s’étend à tous sans exception. Platon est ce penseur qui, depuis l’antiquité, fait porter à l’homme l’entière responsabilité de son sort, nonobstant la présence des divinités. Dans le livre X de La République, Platon faisait remarquer dans le récit d’Er l’Arménien, qu’à partir de nos aventures d’outre-tombe, chacune de nos âmes a fait le choix de son destin, de ses genres de vie. A nous les humains, individuellement et collectivement, d’assumer nos choix de vie. Le spectacle infernal contre lequel nous nous débattons aujourd’hui, relève inéluctablement de notre entière responsabilité. En osant le regarder avec lucidité et sincérité intégrale, nous devons pouvoir, en toute bonne foi, lui trouver remède. Dans cet effort pour venir à bout du Coronavirus, la nature du virus et la forme prise par les mesures sanitaires jusque –là préconisées, devraient nous inspirer. Pour ce virus, nous estimons qu’il est universellement nuisible. Il se propage en ignorance de tout rang social, de toutes disparités nationales, confessionnelles et autres. Il a en ceci, fédéré mondialement l’alerte et la riposte au plan sanitaire. La Médecine en a fait une menace mondiale contre laquelle les dispositions sont à communiquer, à partager et à évaluer à l’échelle planétaire.

La médecine mondiale démontre par-là que le sacrifice qui vaille est celui qui est directement rattaché au salut de l’humain. Qui qu’il soit, et partout où il se trouverait. Au constat, le corona virus nous force à être universellement responsable dans la prise en change de nos vies et de notre destin. Pouvait-il en être autrement, sans risque de demeurer encore dans le mensonge universel ? Dans l’espoir de pérenniser cet élan de solidarité responsable et universelle, dont la Médecine constitue présentement le véritable exemple, nous devons recourir à un principe de responsabilité beaucoup plus élastique en rapport à l’homme et au temps. Si pour les hommes cette responsabilité est sans exclusive, dans le temps, elle doit être durable c’est-à-dire englober notre passé, notre présent et s’ouvrir à nos générations futures. C’est à ce principe responsabilité que nous invite Hans Jonas. Ce qui a plutôt marqué ce philosophe contemporain (1903-1993), c’est la réalité actuelle d’une « humanité fragile et périssable, perpétuellement menacée par les pouvoirs de l’homme. »

Il montre ainsi que la nouvelle responsabilité transcende le passé, le présent voire le futur immédiat, pour s’étendre à un futur très lointain, à des générations encore très virtuelles mais dont nous portons présentement la charge. Son souci est de maintenir à la survie et à l’existence, l’humanité future. Une telle responsabilité, parce qu’elle inculque chez l’homme les dispositions à porter et à assumer une communauté de destin, pourrait en tout espoir, fonder une solidarité planétaire. La promesse de la solidarité universelle, n’est envisageable que dans un cadre où Politique, Droit et Morale s’interpénètrent.

A l’idéal d’un tel cadre, nous pouvons ne pas désespérer d’une justice universelle.

  • L’exigence de justice pour tous.

C’est le philosophe Kant qui, au sujet d’une politique soucieuse du salut de l’humain, alertait : « La vraie politique ne peut donc faire un pas sans avoir auparavant rendu hommage à la morale ; et si la politique est un art difficile ; jointe à la morale, elle cesse d’être un art, car celle-ci tranche les nœuds que celle-là ne peut délier, aussitôt qu’elles ne sont plus en accord  ». Projet de paix perpétuelle, trad. J. Barni .rev. par A. Lagarde p. 67.

La morale dont il est question chez ce philosophe, est celle qui élève l’homme à la finalité dernière, l’homme y est « fin en soi ». Même s’il convient de préciser que dans ses réflexions morales, une place est reconnue aux postulats de la raison pratique : Dieu-l ’Ame-la Liberté.

Nous retiendrons que cette morale consacre à bien des égards, la sacralisation de l’humain. C’est pourquoi Luc ferry dans son ouvrage L’Homme-Dieu ou Le Sens de la Vie, soutiendra l’idée d’une morale marquée par « l’humanisation du divin » ou la « divinisation de l’humain ». Il l’inscrit dans le processus de passage de la « transcendance verticale » à la « transcendance horizontale ». L’explication qu’il en donne, démontre que dans la transcendance verticale, les hommes se sacrifient pour Dieu, la Nation ou pour toute autre entité considérée comme extérieure et supérieure à l’homme.

Dans la transcendance horizontale, le sacré c’est l’homme lui –même, tout sacrifice qui vaille est pour le salut de l’humaine condition. C’est d’ailleurs cette philosophie du sacrifice commandé par la sacralité de l’humaine condition, qui justifierait en théorie les missions de certaines organisations et institutions internationales, comme « Médecins sans frontières », « Croix rouge »et beaucoup d’autres organisations à caractère caritatif. Elles se disent souvent moralement tenues d’agir partout où la dignité humaine est menacée, au seul but d’aider à la restaurer. Avec un tel esprit, nous pouvons ne pas désespérer de la justice universelle, pour autant qu’elle relève plus de l’idéal que de la réalité. C’est dans le même sillage qu’Emmanuel Levinas fait reposer cette exigence de justice universelle, sur l’expérience d’autrui, l’ « Altérité ». Il développe ainsi une véritable « phénoménologie du visage ». Selon ce penseur, le visage d’autrui m’interdit toute violence, il m’impose justice. Ce qui lui fait dire que « le visage, par la transcendance et l’infini inscrits en lui », dépasse tout pouvoir humain par son élévation et sa hauteur. « Dès lors qu’autrui me regarde, j’en suis responsable. » E. Levinas, Ethique et Infini-éd. Biblio essais, p.92. La culture de l’Altérité et de la sacralité de l’homme, suffit à porter le projet d’une solidarité universelle impliquant une justice pour tous. En ce sens qu’élevé à ce niveau de valeur, chacun perçoit son prochain avec respect et estime. Ce qui, selon le professeur Souleymane Bachir Diagne, à travers son analyse des divers types de tolérance, qualifierait de Tolérance positive. Elle permet de promouvoir l’Ecoute, le Dialogue, l ’Echange entre les personnes et les communautés même culturellement différentes. Il oppose à cette tolérance susmentionnée,  la tolérance négative. Cette dernière est fondée sur le mépris et le rejet de l’autre, au motif des différences culturelles. Cette tolérance, conduit aux replis identitaires, à la rupture de communication interhumaine, au choc des individus et des civilisations. Elle situe les particularités au-dessus de la condition humaine, au contraire de la tolérance positive qui invite à une convergence autour de la « valeur-personne ». De la mobilisation généralisée contre le coronavirus, se dégage naturellement cette pédagogie de la solidarité et de la justice pour tous. Elle rappelle la sagesse chinoise ancienne, attribuée à CONFICIUS dont les disciples rapportent qu’au sujet du «Ren »ou qualité  de la relation humaine,  il déclarait « Pratiquer le Ren, c’est commencer par soi-même : vouloir établir les autres autant qu’on veut s’établir soi-même, et souhaiter leur accomplissement autant que l’on souhaite le sien propre. Puise en toi l’idée de ce que tu veux faire pour les autres- voilà qui te mettra dans le sens du Ren » Entretiens, VI, 28.

Au total, l’examen de cette mobilisation mondialisée pour venir à bout du coronavirus, démontre à suffisance, le primat de la valeur-humaine sur toute autre considération. Nous pouvons en déduire qu’aussi longtemps que nous nous évertuerons à promouvoir l’humanité de l’homme, la promesse d’une solidarité, d’une hospitalité et d’une justice universelle et durable, est permise.

Henri Kantoussan

Professeur de Philosophie

Proviseur du Lycée de Mlomp/O

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