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Sénégal/ Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique : Macky Sall plaide pour une justice climatique

En marge de la cérémonie d’ouverture de la neuvième édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité qui s’est ouverte, ce lundi 27 novembre, à Dakar, le président de la République du Sénégal, Macky Sall, a plaidé pour une justice climatique, la réforme de la gouvernance politique, économique et financière mondiale et des institutions de Bretton Woods.

Pour cette édition, le forum de Dakar a enregistré la présence du président de la République islamique de la Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, pays invité d’honneur, du Premier ministre bissau-guinéen, Geraldo Martins et du ministre délégué aux affaires étrangères du Japon, Horri Iwao. L’édition 2023 a pour thème : «L’Afrique des potentiels et des solutions face aux défis sécuritaires et l’instabilité institutionnelle». Les participants ont estimé qu’il faut taire les armes afin d’amorcer le développement durable dans une Afrique des potentiels et des solutions.

L’Afrique, un continent riche de sa pauvreté

L’Afrique est un continent immensément riche. Elle possède la quasi totalité des matières premières, des ressources minérales et naturelles mais nage, aujourd’hui, dans une extrême pauvreté. La richesse de l’Afrique semble impuissante devant la pauvreté qu’elle n’arrive pas à éradiquer. L’immense étendue du territoire africain donne à ses fils un sentiment d’exiguïté tellement étouffant, qu’ils préfèrent mourir noyés à la recherche d’autres espaces. Ce contraste s’explique par de multiples facteurs exogènes qui retardent, en tout cas, le développement du continent.  Pour ce faire, le chef de l’État du Sénégal, a appelé, à la 9éme édition du forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, à modifier les règles qui gouvernent le monde et à revoir la marche de certaines organisations internationales pour garantir une gouvernance mondiale plus juste et plus équitable. «Les règles et les pratiques de l’échange inégal contribuent à appauvrir l’Afrique. C’est une réalité. C’est pourquoi, nous réclamons une gouvernance politique, économique et financière mondiale plus juste et plus équitable », a souligné le Président Macky Sall.

Au-delà de la gouvernance mondiale qui devrait connaître des changements, le chef de l’État insiste sur la nécessité de réformer certaines organisations des Nations-Unies, qui, aujourd’hui, ne répondent que partiellement aux besoins des pays en voie de développement. «Je rappelle, parmi nos priorités figure, la réforme du conseil de sécurité des Nations-Unies et de celle de l’architecture financière mondiale y compris la banque mondiale et le fonds monétaire international. Une gouvernance mondiale plus juste et plus équitable contribuerait à faire émerger l’Afrique des solutions, c’est-à-dire une Afrique qui compte davantage sur ses propres ressources pour financer ses efforts de développement et offrir de nouvelles opportunités de commerce et d’investissement à l’ensemble de ses partenaires», a-t-il rappelé aux chercheurs et aux partenaires du forum international de Dakar sur la paix et la sécurité.

L’Afrique émet moins d’effet de serre…et pourtant

Aujourd’hui, l’un des sujets qui dominent les discussions dans l’espace géopolitique mondial reste la lancinante question des changements climatiques. Le continent africain est celui qui émet le moins de gaz à effet de serre. Pourtant, les pays africains sont parmi les plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique, d’autant qu’ils peinent à bénéficier de financements internationaux pour s’adapter. Le Président Macky Sall estime qu’il faut inclure cette question dans l’Afrique des potentialités pour que les solutions africaines puissent mettre un terme à ce qu’il qualifie d’injustice climatique.

Pour lui, l’Afrique des potentialités et des solutions, « C’est aussi une Afrique qui participe au réchauffement climatique de la planète, mais dans l’équité et la justice climatique. L’enjeu principal pour nous, c’est de pouvoir exploiter nos ressources disponibles pour satisfaire nos besoins d’industrialisation et d’accès universel à l’électricité. »

Sur cette question, le chef de l’État est intransigeant. L’Afrique de ne devrait plus subir une injustice climatique alors qu’elle n’est pas un continent qui émet plus de gaz à effet de serre.

Mettre un terme à la recrudescence des coups d’Etat… Au-delà de ces facteurs déterminants qui plombent le développement de l’Afrique se posent, aujourd’hui, les défis de l’instabilité institutionnelle qui constituent une autre bombe à retardement.   De plus en plus, dans le continent africain, on assiste à une recrudescence des coups d’Etat militaires qui, selon beaucoup de chercheurs, retardent le développement de l’Afrique.  Pour le chef de l’Etat du Sénégal, il urge d’y mettre un terme pour amorcer un développement durable. « Les conflits plombent totalement nos efforts sur la voie du développement. Et toutes ces perceptions contribuent à renchérir le crédit en Afrique. », rappelle Macky Sall, Président du Sénégal.

… Et renforcer les institutions démocratiques

Cela passe forcément par « le renforcement des institutions démocratiques, la promotion des libertés fondamentales de l’État de droit dans un cadre général de réformes en profondeur de son système économique pour les jeter les bases d’un développement durable. », a estimé, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la république islamique de la Mauritanie.

Le président sénégalais, Macky Sall, estime, d’ailleurs, que l’Afrique a besoin d’une pause pour travailler pour le développement. Pour lui, dans ces conditions pareilles, il serait difficile pour les dirigeants de travailler convenablement à renverser la tendance pour une Afrique émergente qui mettra en avant ses propres solutions.

Pour des Etats de droit

Pour son homologue mauritanien, mettre en avant les potentialités africaines revient à engager de profondes réformes au niveau national qui favorisera l’émergence de nouvelles consciences capables de bâtir, dans une démarche inclusive et transparente, de véritables démocraties. «Nous assistons aujourd’hui à une recrudescence aussi inquiétante qu’inadmissible des changements anti-institutionnels. Il y a donc urgence à redoubler d’efforts en vue de construire des Etats, réellement de droit, de bâtir de véritables démocraties capables d’assurer dans la paix, la stabilité et la transparence l’alternance au pouvoir », ajoute Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la république islamique de la Mauritanie.

 Le forum international de Dakar sur la paix et la sécurité est devenu, au fil des années, un rendez-vous des intellectuels, chercheurs, diplomates et  universitaires. Durant deux ils essayeront d’apporter des solutions aux nombreuses crises qui bloquent, jusque-là, les initiatives africaines et qui   empêchent la mise en œuvre des solutions africaines dans une Afrique qui présente d’énormes potentialités à tous les niveaux.

 Seydina Omar Ndonky

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