Niger: deux jours de deuil national après le massacre de 69 personnes près de Banibangou
Les autorités nigériennes ont confirmé, jeudi 4 novembre, la mort de 69 civils dans la région de Tillabéri, dans une embuscade jihadiste, survenue mardi 2 novembre. Parmi les victimes, figure le maire de Banibangou. Un deuil de 48 heures est décrété sur toute l’étendue du territoire.
Depuis ce matin, les drapeaux sont en berne. Un deuil national de deux jours a été décrété à compter de ce vendredi dans tout le Niger, après la confirmation de la mort de 69 personnes parmi des civils dans la région de Tillabéri. Les dépouilles ont été retrouvées par les forces de sécurité qui les recherchaient depuis mardi.
Le maire de Banibangou compte parmi les victimes. Sa famille et les autorités locales l’ont confirmé. Mardi 2 novembre, il menait un convoi de 84 villageois qui s’étaient constitués en comité de vigilance. Les membres de ce comité étaient armés, ce qui est interdit par la loi, et alors qu’officiellement, il n’existe aucune milice au Niger.
« Les communautés pensent que le pouvoir a trop tardé à se déployer pour les sécuriser. Elles se sont donc données le droit de se constituer en milices d’autodéfense. La mise en place d’un comité de vigilance pour défendre les communautés pose la question du fonctionnement de ce comité », explique Abbas Abdoul Moumouni, spécialiste nigérien de la gouvernance.
Le maire et les villageois étaient en route sur une quarantaine de motos lorsqu’ils ont été pris en embuscade par des combattants lourdement armés de l’EIGS, le groupe État islamique au Grand Sahara. L’attaque a eu lieu près de la localité d’Adab Dab à une cinquantaine de kilomètres de Banibangou. Les 69 membres du Comité de vigilance ont tous été enterrés hier sur les lieux de l’embuscade. Une cérémonie dirigée par le préfet de Banibangou et les parents des victimes.
Après l’embuscade, les assaillants sont repartis au Mali avec leurs blessés. Quinze des civils du convoi attaqué ont pu regagner leur village sains et sauf. Cette zone des « trois frontières » fait régulièrement l’objet d’attaques jihadistes contre les villageois, qui tentent d’organiser leur défense avec peu de moyens.
Dans les villages environnants, les familles endeuillées déplorent cette atrocité. Selon Adamu Umaru, le coordinateur de la société civile de Tillabéri, « la situation est intenable. Tout le nord du Tillabéri est devenue aujourd’hui une jungle et c’est le sauve qui peut. »
En l’absence pour l’instant des réactions des partis politiques, des jeunes de la région se disent prêts à en découdre avec l’ennemi. Sur les réseaux sociaux, des appels sont lancés aux jeunes pour se porter volontaires pour défendre leur terroir. rfi