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A Monsieur le Président de la République…

Diama Badiane, professeur de philosophie

 Monsieur le président de la République, je m’adresse à vous, en tant que philosophe, sociologue, éducatrice et parente. 

La covid-19 a permis de prendre conscience de la fragilité de notre système de santé et des problèmes de notre santé publique qui, visiblement, manque de vision prospective. Il ne peut donc être proactif. Ce qui a l’effet de semer la panique dans les esprits, dès qu’il y a un phénomène nouveau ou une apparition inhabituelle dans le domaine sanitaire.

Sachez, Monsieur le Président, que le système sanitaire de notre pays est à genoux. Il y a de cela un an, j’ai alerté le ministre de la santé sur l’absence d’une véritable pharmacovigilance. “Covid 19, un virus en mission” Essai / Octobre 2021/ Les Editions Séguima. 

J’y ai proposé dans ce livre, notamment, l’érection d’une direction ou la création d’une agence Sénégalaise de pharmacovigilance qui nous permettrait, d’avoir un contrôle efficace sur tout produit médicamenteux destiné aux citoyens sénégalais. Cette agence pourrait écarter les vaccins et les sérums qui, d’où qu’ils soient venus, perturbent la stabilité sanitaire du Sénégalais.

Nous vivons à une époque où il y a trop de manipulations technico-chimiques qui obéissent à des besoins d’ordre économique ou idéologique qui ne correspondent point aux intérêts de nos populations. Notre pharmacopée traditionnelle est reléguée au second plan et combattue par l’industrie pharmaceutique internationale. Pourtant, bien étudiée et bien intégrée, elle nous aiderait à rattraper notre retard et à soigner nos patients à moindre coût, sans effets indésirables.

Monsieur le Président, le Sénégal n’est pas réductible à sa capitale, Dakar. Les populations de l’intérieur du pays se sentent un peu en marge, par rapport aux programmes de développement, surtout en matière de santé. Une évacuation est pénible à tout point de vue. Pourtant, les spécialistes sont à Dakar. Etre malade dans son corps et son esprit et être sans ressources financières au Sénégal, c’est être bon pour la mort.  Et le plus vulnérable est le citoyen qui vit à l’intérieur du pays. C’est pourquoi j’avais interpellé le même ministre, de l’urgence de consultations médicales à distance, organisées de façon systématique, pour mieux protéger les personnes âgées qui quittent les régions lointaines, rien que pour bénéficier de consultations faites par des spécialistes.

D’un autre côté, parlant de motivation, y a-t-il des primes appropriées pour encourager les spécialistes à servir à l’intérieur du pays ? L’État subventionne-t-il assez la formation en vue des spécialisations, pour renforcer l’offre de médecins hautement qualifiés dans des domaines spécifiques, au niveau national ?

Comment faire pour rehausser le plateau médical de nos hôpitaux ?  Y a-t-il suffisamment de personnels compétents dans les hôpitaux ? Les modules dispensés dans les écoles de santé prennent-ils en charge la déontologie, l’anthropologie sociale et culturelle, l’axiologie….? “Demandons-nous chaque fois que nous sommes tentés d’avoir un comportement non éthique, ce que serait la vie, si chacun faisait comme nous.” Emmanuel Kant.

Le ministère de la santé, a-t-il des superviseurs médicaux pour inciter à une bonne conscience professionnelle. Ce superviseur qui doit avoir un bon prérequis, sillonnerait les hôpitaux du pays, pratiquerait une réelle immersion, pour mieux saisir les problèmes de santé et établir des rapports circonstanciés pour chaque nécessité.

Qu’est ce qui est à l’origine de la crise de l’hôpital ? Sommes-nous tous malades ?  Le sénégalais donne-t-il suffisamment un sens à la vie? Quel est le problème de l’hôpital ? Recrute-on les plus méritants ? Sommes-nous assez motivés pour mieux servir ?

Monsieur le Président, après la catastrophe de Tivaoune, j’attendais  un changement radical de système ? Ce que l’on a vu, c’est du rafistolage. Remplacer un ministre par la Directrice de la Santé, n’est-ce pas perpétuer le système avec de nouveaux visages?

Pour conclure, Monsieur le Président de la République, je vous appelle à une refondation du système sanitaire sénégalais rassurant parce qu’autonome et efficace.

Diama Badiane philosophe, sociologue .

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