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Soutenance de Thèse de Doctorat en co-tutelle – Komi Abalo questionne le Franc Cfa et le projet de développement économique et social de l’AOF – Et décroche la Mention très honorable avec félicitations du Jury

Komi Abalo décroche son double diplôme de doctorat entre la France et le Canada. Il a soutenu le 11 décembre 2023, à l’université de Montréal au Canada sa thèse de doctorat en relations internationales. Etudiant de co-tutelle entre  l’université de Lorraine en France et l’université de Montréal au Canada ayant publié plusieurs tribunes sur les relations France-Afrique, Dr Komi Abalo a abordé « l’Afrique occidentale francophone entre le franc CFA et le projet de développement économique et social depuis 1960 ». Le jury lui a décerné une mention très honorable avec les félicitations.

Dr Abalo est parti du constat selon lequel l’avenir du franc CFA  paraît scellé, le Président Macron lui- même ayant pris ses distances. Ses principaux défenseurs sont des responsables politiques d’Afrique francophone eux-mêmes contestés. La violence des oppositions armées à la présence française et de récents coups d’état vont également dans le sens d’une remise en cause, une remise en cause brutale car les réformes tant attendues lors des années précédentes ne sont jamais venues.

L’étude se fondait sur l’évolution des ex-colonies françaises d’Afrique depuis les indépendances en la comparant avec les ex- colonies anglophones voisines. Enfin, l’étude cherchait à analyser l’impact du franc CFA sur les relations entre la France et ses ex-colonies.

Le franc CFA, une autre forme de domination des africains

Devant le jury, l’impétrant a soutenu que la monnaie n’est pas simplement une question de comptabilité ; c’est aussi une question de contrôle et de politique économique.

Il ressort de sa thèse que la création du franc CFA n’a pas profité à l’Afrique francophone. Les pays concernés sont devenus les plus pauvres au monde.

Le franc CFA n’est pas seul en cause, les détournements d’argent public, la corruption et la mauvaise gestion de gouvernements soutenus à bout de bras par la France ont compté. Et des traditions bureaucratiques se sont instaurées, inspirées de la culture administrative française, très différentes des usages dans l’Afrique anglophone.

La stabilité supposée du franc CFA a masqué les dysfonctionnements à tous les niveaux et retardé les indispensables réformes économiques et sociales auxquelles aspirait une large partie de la population.

« La jeunesse recherche par elle-même les solutions à ses propres problèmes, beaucoup de jeunes gens risquent leur vie pour migrer. Aujourd’hui, la majorité des migrants africains vivant en France sont issus des anciennes colonies françaises de la zone du franc CFA », a remarqué l’étudiant.

Qui veut toucher au franc CFA trouve la France sur son chemin

Selon Dr Abalo, le débat sur le franc CFA devient impossible tant l’acronyme est associé, à tort ou à raison, à des situations passées et présentes douloureuses. Même le projet d’ECO suscite la crainte car cet acronyme en trois lettres rappelle CFA.

Par ailleurs, il a démontré qu’à l’indépendance en 1960, la France cherche à maintenir sa présence malgré les indépendances politiques et la mise en place est un aspect de la persistance de ces liens entre la France et ses anciennes colonies appelé par la suite « Françafrique. »

« Les dirigeants africains qui veulent remettre en cause le franc CFA ne restent pas longtemps au pouvoir. La fin de la guerre froide, malgré des discours humanistes des dirigeants français ne conduit pas à une évolution du rapport entre dirigeants français et africains et la situation économique et sociale de cette partie de l’Afrique s’aggrave », a-t-il déploré.

Résoudre le problème du CFA pour assainir les relations

 Le jury de sa thèse était composé de Ludovic Laloux, président de jury,Professeur d’Histoire à l’Université polytechnique des Hauts-de-France à Valenciennes, de  Marcela Efmertova, rapporteur et Professeur d’Histoire contemporaine à l’université Polytechnique de Prague, de Etienne Thevenin Professeur d’histoire à l’université de Lorraine en France, directeur de recherche de la thèse, de  Samir Saul, Professeur d’histoire à l’Université de Montréal, co-directeur de la thèse, de Guillaume Sublet, Professeur en Science économique à l’université de Montréal, examinateur externe et de madame Piernas Agnes Gersende membre de jury.

Devant ces éminents professeurs, Komi Abalo a conclu qu’aucune monnaie n’est neutre. Elle peut être utilisée à diverses fins, y compris pour enrichir ou appauvrir une population. Le franc CFA a été proposé dans un contexte de crise.

« L’un des problèmes qu’il faudrait bien résoudre un jour dans les rapports entre la France et les ex-colonies françaises d’Afrique est celui du franc CFA. Le franc CFA n’est pas une bonne monnaie adaptée aux réalités africaines même avec quelques ajustements », a proposé Dr Abalo.

Certaines personnalités togolaises  à l’instar  du feu Maître Yaovi Agboyibor, Agbeyome Kodjo , de  Nicolas Lawson et le Professeur Assima Kpatcha  ont contribué à la rédaction de cette thèse.  

Correspondance particulière (Mondeafrik.com)

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