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NIGER: La leçon de philosophie politique du Président BAZOUM…

A l’occasion du double sommet des chefs d’État de l’Union africaine qui s’est tenu à Malabo (capitale de la Guinée Équatoriale) sur les crises humanitaires et les changements anticonstitutionnels de gouvernements, le Président du Niger, Mohamed Bazoun a tenu un discours qui tient de la leçon de philosophie politique. Confidentiel Afrique revient sur les messages forts du nouvel homme fort de Niamey. 

L’initiative de réunir les 52 pays membres de l’Union africaine (UA), autour de deux grandes questions de l’actualité politique du continent à savoir: le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement, a été vivement saluée par Mohamed Bazoun, Président de la République du Niger dans un discours d’une rare portée idéologique dans les foras politiques sur le continent.

Pour Mohamzs Bazoum, la région du Sahel est particulièrement affectée par ces deux phénomènes. « Les coups d’Etat militaires survenus au Mali et au Burkina Faso ont été présentés par leurs auteurs comme les moyens auxquels ils ont été contraints de recourir pour mettre notamment fin à la détresse des populations victimes des affres du terrorisme » déclara t-il en expliquant que «ces deux questions sont intimement liées dans cet espace où les différents pays partagent un même niveau de fragilité dû à la prévalence d’une grande pauvreté entretenue, entre autres facteurs, par des chocs climatiques récurrents et une démographie débridée. »

L’intérêt du débat, soutient-il, réside dans le fait que dans certaines régions de notre continent le terrorisme est un phénomène en expansion et que les institutions sur lesquels reposent nos États sont plutôt fragiles dans bien de nos pays. « En effet, si les constitutions en vigueur affirment de façon unanime leur attachement aux principes de la démocratie et de l’Etat de droit, force est de reconnaître soutient-il, qu’entre la gouvernance telle qu’elle est proclamée et telle qu’elle est à l’œuvre, il n’est pas rare de constater un décalage de nature à exposer à des risques de déstabilisation. »

Pour le Président Bazoum Mohamed, sa contribution au débat portera sur la situation propre à l’Afrique de l’ouest où plusieurs pays sont victimes du terrorisme et où d’autres en voient pointer la menace à plus ou moins longue échéance.

Sur le terrorisme sahélien; deux choses méritent d’être sues selon le chef de l’État nigérien qui développe son argumentation sur deux plans.

« Premièrement. Il n’est pas porteur d’un projet politique et comme tel n’a pas vocation à mettre en œuvre un projet de société basé sur des règles d’une forme quelconque d’administration de territoire » en faisant une différence nette entre l’état islamique des talibans en Afghanistan et les groupes qui se réclament de son idéologie au Sahel.

« Deuxièmement, sa rhétorique islamiste ne saurait cacher l’absence de réelle motivation religieuse des jeunes qui s’enrôlent dans ses rangs, leur engagement ayant plus à voir avec les effets du dérèglement climatique et la remise en cause de leur cadre de vie traditionnel. »

Pour le Président nigérien qui fut Professeur de philosophie, « ces deux caractéristiques qui n’en font rigoureusement qu’une seule attestent que ce terrorisme-là est extrêmement dangereux dans l’immédiat car, il peut déstabiliser rapidement les États et commettre de grands dégâts, même s’il n’a aucune capacité de représenter quelque alternative que ce soit à moyen et long termes. »

Poursuivant sa leçon de philosophie politique, il dira que «la plus grande tare du terrorisme sahélien, c’est qu’il ne recrute qu’au sein de communautés bien déterminées, y compris dans les espaces où il prospère le plus. Cela est vrai pour Boko Haram dans le bassin du lac Tchad qui ne recrute qu’au sein de la communauté Kanouri (et les communautés assimilées) tout autant que cela se vérifie pour les organisations terroristes qui opèrent dans la zone des trois frontières du Mali-Burkina-Niger, où le gros des troupes provient de la communauté Peulh. Toutefois, dans ce dernier cas, il y’a lieu de relever que bien que les soldats soient en très grande majorité des Peuls, la direction de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) est composée exclusivement d’Arabes maliens et Maghrébins.

L’autre grand groupe, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GNIM) affilié à ALQAIDA au Maghreb Islamique est quant à lui dirigé par des Touareg, des Arabes et des Peulhs, ces derniers assurant le gros des troupes des soldats. »

Cette malformation pour ainsi dire, en vertu de laquelle les organisations terroristes sont perçues comme relevant exclusivement de communautés ethniques bien déterminées et assimilées à elles, les prive d’un large soutien populaire indifférencié et leur commande d’imposer leur autorité par la violence et la crainte. Au surplus pour exister, les groupes terroristes, quand ils ne volent pas le cheptel des populations riveraines, imposent à celles-ci des taxes appelées Zakat présentées comme une dîme à caractère religieux alors même qu’il s’agit d’une vulgaire extorsion particulièrement douloureuse pour les populations.

Ils vivent aussi des rançons qu’ils font payer aux populations à l’occasion des rapts qu’ils opèrent ainsi que d’autres activités criminelles telles que le trafic de drogue.

«Ce que nous venons de dire indique clairement que le terrorisme sahélien est entaché de tares congénitales qui le privent de toute capacité de devenir un mouvement politique viable à même de mettre en place des structures administratives susceptibles de fonder et gérer un État. C’est pourquoi au cours de ses presque dix années d’existence, malgré ses succès militaires réels, il n’a pas été en mesure d’attirer à lui un tant soit peu de cadres. Seuls y adhèrent des jeunes cultivateurs ruraux et des bergers attirés pour des gains alimentaires. Ce déficit d’intelligence structurel est le talon d’Achille du terrorisme sahélien qui se voit ainsi réduit à l’aspect strictement militaire de son action, sans vision et projet politiques. Si, ce terrorisme ne peut rien construire, même dans le cadre de son funeste projet, il peut néanmoins provoquer de grandes destructions sur les sociétés où il sévit. » a décrypté le Président BAZOUM Mohamed dont le pays est devenu le pivot stratégique de la riposte anti-djihadiste dans la région du Sahel, depuis le départ des troupes françaises de l’opération BARKHANE au Mali.

Confidentiel Afrique

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