EDITO

Macky dans le temps de l’inaction

C’est à se demander si le président Sall est toujours dans le temps de l’action, «en écoutant battre tout le cœur du Sénégal», comme il aime à le dire ? Le constat est que depuis sa reconduction à la tête de ce pays, en avril 2019, tout laisse croire que le chef de l’Etat et ses alliés de Bennoo Bokk Yakaar sont plutôt dans le temps de la parole, des intrigues et de la feinte exquise. Ils utilisent à fond la ruse pour contourner les difficultés et non les résoudre.

Dans le chapeau du magicien

Face à la contestation de la sincérité du processus électoral de février 2019 et au rejet de sa «victoire» par les quatre concurrents, Macky Sall sort de son chapeau de magicien, la solution miracle de la suppression du poste de Premier ministre. Il a réussi son coup, puisque les discussions se sont polarisées autour de cette mesure à laquelle le candidat de Benno n’a jamais fait allusion au cours de la campagne électorale. Elle va alimenter les débats dans les studios de radio, sur les plateaux de télévision, les grand-places, durant quelques bonnes semaines. Et pour isoler ses «contempteurs», il lance l’idée de dialogue national et politique, en jetant son dévolue sur des personnalités de la société civile qui font relativement l’unanimité. Ce qui clôt définitivement la parenthèse de la présidentielle, réglant du coup la question de sa légitimité, matérialisée par la seule présence des acteurs politiques autour de la table du dialogue.

Derrière le rideau

Dans la foulée, l’Assemblée nationale, relance le dossier des «94 milliards» au centre duquel se trouve, un membre de la majorité présidentielle, en l’occurrence Mamour Diallo. Ce qui suscite une vive polémique. Mais les «retrouvailles» entre les présidents Macky Sall et Abdoulaye Wade, vont temporairement éclipser le scandale foncier. D’autant qu’au bout de la combine, il y a la «grâce forcée» accordée à Khalifa Sall, celui qui s’est toujours considéré comme un prisonnier politique. L’acte deux de la pièce vient de se jouer, le samedi 12 octobre dernier, au Palais de la République, avec la visite de l’ex président Wade à son successeur. Les principaux acteurs ont annoncé le troisième acte de la représentation, cette fois-ci, au «domicile ?» de Me Wade. La veille de cette audience, le vendredi, ce sont les députés de la majorité qui présentent le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 94 milliards, en lavant à grande eau javellisée, Mamour Diallo…

Le coffret des promesses électorales

Ces «affaires», avec leur dose de polémiques, ont tenu en haleine le pays depuis sept mois, après la réélection de Macky Sall. Un début de mandat qui a l’air de se signaler par l’inaction dans la transformation du quotidien des Sénégalais. Surtout lorsqu’on jette un coup d’œil dans le programme du candidat Macky Sall, dénommé Liggeeyal ËllËK (le rendez-vous avec l’avenir), plus précisément sur les cinq (5) initiatives nationales : PSE : Jeunesse 2035 ; PSE : Economie sociale & solidaire ; PSE : Société numérique inclusive ; le PSE vert ou la reforestation durable du territoire national et PSE : Cap sur l’industrialisation. Il s’était engagé, une fois réélu, à lancer dès 2019-2020 ces grands chantiers. Sept mois après sa réélection et à deux mois de 2020, l’on attend toujours un début d’application de ces initiatives déclinées en activités phares. Le candidat s’est particulièrement montré «généreux » envers l’électorat jeune qui constitue, selon lui, la clé de l’avenir. Il a lui-même indiqué les priorités de cette jeunesse en matière d’éducation et de formation, d’emploi et d’entreprenariat, etc. Voulant gagner à tout prix, le candidat de Benno avait ajouter aux cinq initiatives nationales, trois nouveaux programmes sectoriels que sont : zéro bidonville ; zéro déchet et villes créatives. Aujourd’hui tous ces «engagements» reposent, pour l’heure, au fond du coffret des promesses électorales.

L’art de noyer le poisson

Sept mois après sa victoire, l’on s’interroge : le président a-t-il les moyens de ses ambitions ? Quid de la création d’événements à fort potentiel médiatique, ponctués parfois de déclarations maladroites ou les polémiques assumées, qui ont tout l’air de noyer le poisson ? Et si le débat sur la tension budgétaire constituait une pièce du puzzle de l’inaction du président durant cette période post-électorale ?

Cette période semble être marquée par la volubilité qui, face à la grisaille de la vie quotidienne, oppose la dérision comme parade, parfois à grands renforts de diversion. Vous avez dit, M. le président, «le temps de l’action» et fast track .Au travail, alors, son excellence, le temps presse !

Bacary Domingo MANE

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