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Du COVID-19 à la vie par amour ou par ambition

Par Dr JULES MANSALY

Le COVID-19 aura marqué l’histoire de l’humanité tout court. Du moins de ce siècle courant. Parti d’une simple agglomération qu’on croyait perdue, il finit, en un tour de main, par embraser toute l’humanité, toute la vie de l’homme, à la posture militaire et vaniteuse, qu’il réduit à sa condition première, celle de dépendance de la nature dont il supplie les grâces. Lui, l’homme, rassemble toutes les ressources qui lui restent pour inévitablement résister à la réalité fatale qui l’attend comme un amant. La mort.

  • Le trop-plein de « l’humain trop humain »

Pourtant, le bon esprit aurait cru qu’en ces moments-ci, l’on se serait soumis à la règle basique de condescendance, se mettant ainsi à l’abri, à la hauteur des passions qui livre le vrai homme, dépouillé de son masque que la société aurait vainement verni sur sa carapace. Mais que nenni. Ça revient toujours au galop, et toujours. On se livre bel et bien sous le plein soleil. L’entreprise (peut-être) est louable, mais l’intention est plus que dommageable, agressive. Bonne conscience. Tintamarre. Faux patriotisme ou solidarité entamée. Ananias et Saphira, redites-moi l’histoire !

  • Retour à la case départ

Les peuples se lamentent. Mais les bons apôtres, vaillants bâtisseurs de paix et de muraille, redresseurs de torts à l’occasion qui pensent et font espérer que leurs paroles doivent quand même s’accomplir, semblent se replier dans un bruyant confinement incompréhensible. Pourtant, on criait en fanfare sur tous les toits de la « maison d’Israël » qui porte ses idoles dans son cœur. C’est comme si on ne voit plus rien, au terme d’un combat accablant. C’est comme si les oracles sont menteurs. Résignés à ne livrer que quelques passages et paroles de consolation d’une promesse encore très, très lointaine. Psaumes et consorts. Le peuple, lui, fait son deuil programmé. En attendant cette mort qui a déjà envahi son vécu, son quotidien, il se soumet aux fragments de textes sacrés qu’il distille à longueur de journée. Peuple, choisit aujourd’hui qui tu veux servir !

  • Et puis, demain ?

Le monde ne sera plus jamais comme aujourd’hui. Demain, ce ne sera pas l’aube ni le beau temps. L’histoire, nous dit-on, est un miroir, et les évènements courants qui semblent tracer une trajectoire bien connue sont plus que révélateurs de notre nature qui jette notre truie lavée à se vautrer dans le bourbier. Et l’homme est bien parti pour reprendre « le poil de la bête ». Le COVID-19 aurait pu nous enseigner notre fragilité. Il aurait pu nous montrer tant de fois notre dépendance ; combien nous sommes limités. Nous enseigner à être humbles. À apprécier la vie, sa vraie valeur, loin de la frénésie populaire qui isole la mort incontournable et l’humain au rang de la seconde priorité. À repenser et renégocier notre lien avec soi qui se construit dans le rapport avec l’autre « porteur d’humanité » et d’humanisme. Et les prédicants rétractés, très méditatifs et improductifs en ces moments où ils sont plus que sollicités, rebondiront de plus belle pour reprendre les manœuvres.

@Jules NDOTTY

PhD, Sociolinguistique

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