CHRONIQUE

L’Orphelin et le Chef du village : encore une leçon de sagesse. Partie 2

(N° 9) Dans la première partie, le Chef du village, contrarié par le jeune Orphelin, voulait en finir avec lui en lui tendant un piège sur son passage : creuser un large trou, le couvrir de branchages, et attendre que ce dernier s’y précipite.

Mais tout rusé, le jeune garçon qui avait suivi de loin leurs mouvements inhabituels avait entendu leur conversation et décida lui aussi de faire une voie souterraine qui donna au grand trou de sorte que lorsqu’il s’y glisserait, il pourrait sortir sain et sauf de l’autre côté.

Un matin, comme envoyé par son papa, l’enfant passa devant la maison du Chef du village la hache sur son épaule. Le Chef du village, minutieusement à l’affût, s’était tenu en embuscade avec sa suite. Le jeune Orphelin passa soudain au niveau du piège tendu et se retrouva au fond du trou. Tout le monde se précipita pour fermer l’orifice : c’en est fait pour lui, a-t-on cru.  

Une semaine après, il y eut une grande palabre sous l’arbre où tout s’était donné rendez-vous. Soudain, le jeune garçon apparut publiquement. Coup de théâtre! Le Chef du village, après un moment de silence, demanda :

  • N’est-ce pas c’est le même garçon….
  • C’est bien lui, lui avait-on répondu.

Noir de colère, il chercha à nouveau un plan pour faire mourir l’enfant qui fut poursuivi et rattrapé. Il le réquisitionna dans sa cour pour lui faire purger sa peine. Un jour, alors qu’il exécutait l’une de ses corvées sans fin, le Chef lui tendit une faucille. Il lui demanda de couper l’herbe de la cour dont la hauteur ne dépassait pratiquement pas le niveau du sol.

L’enfant s’exécuta. Il se cassa lourdement, puis se releva. Déjouant la vigilance du Chef et de ses gardes, il jeta loin la faucille et se mit à gratter la peau comme si quelque chose le démangeait. L’ayant surpris en train de verser ses larmes de crocodile, le Chef lui demanda ce qui n’allait pas.

  • Je ne retrouve plus la faucille que vous m’avez remise. Je l’ai sans nul doute égaré quelque part ici.

Le Chef du village, les mais sur les reins, contempla cet enfant qui ne cessait maintenant de l’étonner.

  • Comment est-ce possible qu’une faucille puisse se perdre dans cette surface rase ?, lui demanda-t-il, les yeux plus que grandement ouverts !
  • Alors, comment peux- tu me demander de couper de l’herbe alors que la cour est toute rase ?, lui répliqua l’enfant.

Sans mot, le Chef lâcha ses mains et resta pendant un moment pensif. Puis il dit à l’enfant : « Désormais, je te laisserai en paix. Tu resteras mon ami ».

Dès lors, le Chef du village scella une amitié avec le jeune Orphelin. Il n’allait jamais à contre-courant de son avis ; il ne tenait aucune palabre sans auparavant l’avoir consulté. L’ayant conféré tout pouvoir, il dit à l’enfant et à toute oreille qui voulait ou non l’entendre : « Sans toi personne ne lèvera sa main ni ne fera bouger son pied dans tout le village ».

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