Le pêcheur, le poisson et l’hameçon
Par Issa Ndiaye, Prefesseur de philosophie
Le pêcheur vie de sa pêche, il se sert de l’hameçon comme piège ou arme et le poisson en meurt en se laissant prendre. On ne peut pourtant blâmer le poisson parce qu’il est simple poisson. Il n’a pas ni l’intelligence parce qu’il est pris par un plus intelligent que lui. Et une fois qu’il est piègé, c’est fini pour lui. Il n’a pas le temps de réaliser ce qui lui est arrivé. Il se voit accroché, tiré et attrapé. Et s’il s’échappait il n’aurait certainement pas la raison suffisante d’apprendre à ses semblables le danger que représente l’hameçon. Et j’ose penser que le même poisson risque d’en mourir faut d’intelligence suffisante. Sa nature est de telle, il n’est que poisson, il est déjà poisson. L’hameçon est une fausse proposition, une nourriture sans nourriture. Le poisson ne voit que la crevette accrochée qui dissimule le danger. L’hameçon n’apporte que la mort, il ne rassasie point.
Voilà la condition du poisson. Et cette même condition nous est applicable. Et si le pêcheur était nos autorités, l’hameçon les miettes qu’elles proposent et nous les poissons ? L’analogie est tentante mais la différence est grande.
Nos autorités nous considérent comme de simples poissons. Ils nous tendent comme appât leur hameçon pour nous encager à vie. C’est elles qui nous maintiennent suffisamment dans la faim pour ensuite venir nous proposer des miettes de nourriture, à nos propres frais, de l’argent surtout en campagne nous laissant croire qu’elle nous aident, ou qu’elles sont solidaires. N’agissons pas comme de simples poissons. Ne mordons pas à l’hameçon. C’est un poison. Je me fatigue certainement car ventre affamé n’a point d’oreilles. Mais à défaut de pouvoir tout changer par les actes, je le dirai qu’à même. Nos autorités nous appâtent et à chaque fois nous mordons à leur piège.
Pourtant nous ne sommes pas de simples poissons. L’homme est un être de raison. Mais nous sommes pires que les poissons, plus bas qu’eux, car nous nous laissons tromper, piéger, berner… Que vaut un homme sans discernement, sans analyse, sans remise en question, sans utilisation aucune de la raison? Nous avons donné à nos autorités le pouvoir qu’elles ont, c’est nous qui leur hissons à leur place et pourtant c’est a nous qu’il convient de les remercier et de nous prosterner devant elles. Mais au nom de quoi ? Nous nous comportons comme les prostituées infatigables gratuites de nos hommes politiques pour parler comme Proudhon. Ils nous utilisent quand ils le désirent et après ils nous abandonnent à notre sort. Simples bétails que nous sommes à leurs yeux, ils nous engraissent parfois pour notre bien mais pour les leurs.
Malheur aux poissons !
Issa Ndiaye. Prefesseur de philosophie au lycée de Mlomp/Oussouye