Le prix des denrées alimentaires au plus haut depuis dix ans
Les cours des denrées alimentaires augmentent au point que l’indice de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui mesure les variations d’un panier de produits alimentaires de base, a progressé de 31,3 % en un an. Cette envolée est portée par le blé, les huiles végétales et le sucre.
L’indice de la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, est au plus haut depuis juillet 2011. Il est établi à partir du cours de matières premières agricoles composant un panier alimentaire de base. Aussi, sa hausse de 31,3 % sur un an est portée par les cours du blé, des huiles végétales et du sucre.
Pour le blé, la hausse de l’indice est de 38,3 % sur un an. La FAO fait état de récoltes réduites « dans les principaux pays exportateurs, en particulier au Canada, aux États-Unis d’Amérique et en Fédération de Russie ». La production mondiale n’est pourtant que de 0,8 % en dessous de celle de 2020, record historique en la matière. Mais elle reste inférieure à la demande, ce qui obligera à piocher dans les stocks et fait grimper les prix.
En un an, la Chine a doublé ses importations de céréales
Globalement le cours des céréales progresse, dopé par le prix du blé. « Le facteur décisif sur les céréales, c’est l’apparition de la Chine comme premier importateur mondial : elle a probablement doublé ses importations en un an, sans que l’on sache bien pourquoi, en raison de l’opacité sur leurs chiffres, explique Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières et auteur du rapport Cyclope, une référence en la matière. Mon impression est qu’ils ont des difficultés logistiques auxquelles ils remédient via les importations. L’émergence de la Chine est venue s’ajouter à quelques incidents climatiques. »
L’indice des huiles végétales est aussi à la hausse : + 9,6 % depuis le mois d’octobre, pour atteindre le plus au niveau jamais enregistré. La FAO note « une production limitée en Malaisie, où l’on manque actuellement de travailleurs migrants », combinée à un « regain de la demande mondiale à l’importation, en particulier de la part de l’Inde, qui a de nouveau baissé ses droits de douane. » «La sécheresse au Canada a fortement diminué la production de colza », complète Philippe Chalmin.
La hausse du prix du pétrole a aussi provoqué un regain d’intérêt pour les carburants obtenus à base d’huiles végétales, ce qui a tiré les cours à la hausse. L’explication est similaire pour le sucre dont l’indice a grimpé de 40 % sur un an. La sécheresse au Brésil a diminué la production pendant que la demande en éthanol s’est faite plus forte.
Un impact très limité pour le consommateur
Au final, seul l’indice FAO des viandes enregistre une légère baisse depuis un mois. Il reste toutefois plus de 22 % au-dessus du niveau observé il y a un an. Cette évolution s’explique toujours par le poids de la Chine. « Des craintes suscitées par la maladie de la vache folle » au Brésil provoquent aussi une incertitude sur le bœuf et pèsent sur les cours.
Cette flambée de l’indice n’aura qu’un impact très limité pour le consommateur occidental. « Dans les pays développés comme la France, la part agricole du panier alimentaire est très faible, rappelle Philippe Chalmin. Si vous prenez l’exemple de la baguette, la farine ne représente que 5,5 % du prix final. En revanche, dans les pays importateurs, comme au Maghreb où l’alimentation est largement subventionnée, le Trésor va devoir payer la note de cette augmentation des cours. » LAcroix