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LE CONFINEMENT : Une utopie au Sénégal

Par M. Fallou Samb

Avec le Covid-19 les choses se compliquent de jour en jour pour les Hommes. On parle désormais de 15.000 morts devant l’incapacité humaine de trouver la solution médicale ou magique. Ce qu’il faut dire aujourd’hui , c’est que tous les moyens sont bons pour soigner la maladie : scientifique ou pas l’essentiel c’est de se protèger le cas échéant se soigner. Que chacun essaie sa formule pour donner la solution à l’humanité avec laquelle on est forcément aux prises. Ce qui est kafkaïen, c’est que les Hommes semblent se liguer pour affronter l’ennemi invisible mais au fond cette union n’ est qu’apparente. Cela parce que, d’une part, chacun est enfermé dans ses frontières et d’autre part le pauvre et le riche ne vivent pas solidairement  leur destin commun : la pandémie.

Venons en au Sénégal ! Le pays compte désormais, à l’heure où j’écris ces lignes, 67 individus malades du Covid 19. Chaque jour les chiffres exprimés par le Ministère de la santé entrainent à la fois peur, angoisse et panique. En tout cas, le coronavirus fait son bonhomme de chemin et affiche un futur sombre et incertain. Premier acte.

Face à la peur et au caractère invisible et imprévisible du virus, les solutions fusent de partout. Le mot d’or brandi souvent contre ce redoutable adversaire invisible qui assène des coups, maltraîte, rudoie et est sur le point de mettre à terre l’Homme malgré ses moyens, est le confinement. Se confiner, veut dire ici acheter ce qu’on doit consomer et rester chez soi, ne pas sortir. D’ailleurs, tout le monde répéte souvent cette formule non moins bourgeoise : « restez chez vous ». Mais est-ce que tout le monde est assez nanti pour pouvoir rester à la maison des jours sans travailler? L’État peut-il donner à manger ceux qui peinent à lier quotidiennement les deux bouts? Ont-ils d’ailleurs des maisons leur permettant le confinement? Pour être très court, il est quasiment impossible de confiner le peuple sénégalais car la sociologie, la géographie et l’économie ne le permettent pas. Combien de familles ont-elles de l’électricité, à fortiori des frigots pour garder longtemps la nourriture, de l’argent pour en stocker suffisamment durant des jours de confinement, une maison pour cela?  Deuxième acte

Et souvent on taxe precipitemment le sénégalais d’inscipliné. Il faut certes dire qu’il y a des gens insouciants et irresponsables par qui le virus passe, faute de précaution, pour migrer d’un individu à un autre, mais d’autres, par contre, n’ont pas le choix : ils doivent sortir de chez eux pour affronter la vie et partant le danger du virus afin de trouver de quoi se nourrir. Les millions qui sont déclarés au quotidien pour endiguer la pandémie, doit aussi servir à aider ces pauvres hommes et femmes qui sont en difficulté dans ces situations. Comme on parle de solidarité nationale, ces millions devraient coûter de la nourriture, du matériel sanitaire  pour faciliter « le confinement ». Partageons !!! Remarque : le matériel tarde toujours à parvenir aux populations. Troisième acte

Cette situation de solidarité devrait inspirer l’État à mener une politique de cotisation pour construire dans le pays des hôpitaux digne de ce nom, comme il défaille souvent dans son rôle  d’identification des priorités de la population. Se cotiser aussi pour avoir une éducation de qualité car comme le souligne avec raison Djibril Diouf, dans son puissant texte du jour dernier, sans éducation la chaîne des valeurs est altérée. Dans ces contextes et même au delà, nous avons besoin de citoyens modèles et loyaux. Et sans une éducation de qualité, le médecin est incompétent, le juge partisan, le politicien et le policier corrompus, le citoyen ignorant et irresponsable, l’enseignant, paresseux et démotivé voire incompétent. Quatrième et dernier acte.

Que la paix soit sur l’humanité!!! À nos sens, Dieu est au centre de tout mais ne défaillons jamais à notre responsabilité humaine.

Fallou Samb, professeur de philosophie à Ogo.

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