La femme malade, les trois fils, et le ventre béni
(N°10) Il était une fois une femme qui souffrait énormément d’un mal qui ne voulait en aucun cas la quitter. Elle s’était résolue presque à abdiquer pour attendre ce que son mari ne voulait pas du tout entendre : son dernier jour sur terre. Son mari, père de ses enfants qui refusait d’admettre le coup du grand voyage, la prit pour la conduire chez le grand guérisseur du village.
Grand voyant éclairé, dont la réputation attirait les fatigués des contrées même très lointaines, le grand renoueur des vies fit le diagnostic et découvrit un remède efficace contre la souffrance qui traumatisait la maman et la famille. Cependant, les honoraires pour le service rendu avant tout soin devaient comprendre un bœuf. Un bœuf ! Une fortune dont ne disposait ni le père, encore moins la femme presque dépouillée de ses avoirs. Heureusement que leurs enfants disposaient des troupeaux de vaches en abondance.
Les deux parents allèrent alors voir l’aîné des enfants à qui ils firent savoir l’urgente nécessité de trouver ce bétail ; le guérisseur en demandait pour sauver leur maman. Ce fils possédant, objecta, refusant ainsi la sollicitation même du plus maigre bétail, au risque de voir sa mère passer le pas.
Les deux parents très éprouvés s’en allèrent se confier au fil cadet. Ce dernier, comme son grand frère, dit non et renvoya ses parents qui n’avaient maintenant d’autre recours que de se rendre chez le benjamin qui consentit et se proposa spontanément de leur donner le bœuf que réclamait le voyant. Ce fut fait. Le guérisseur fit son travail. La maman fut guérie; elle recouvrit complètement sa santé.
Les deux parents réunirent leurs enfants. À l’aîné qui avait refusé de donner son bœuf, il lui fut dit:
- Parce que tu as refusé d’assister ta maman pour ne pas avoir donné ton bœuf, voilà tu souffriras toute ta vie. Tu iras porter de lourds fardeaux çà et là. Tu transporteras des charges jusqu’à la fin de ta vie. Tu seras ainsi exposé au soleil qui te brûlera sans bonté! C’est entendu !
Au benjamin, aussi radin que le premier fils, on lui parla alors :
- Tous les jours de ta vie, tu seras éprouvé. Tu en seras courbé sous le chaud soleil qui, sans état d’âme, déversera ses rayons sur toi. Qu’il en soit ainsi.
Au second enfant charitable qui ne refusait rien à ses parents, ces derniers, après avoir chanté ses louanges, pria pour lui.
- Puisque tu nous as honorés pour avoir sauvé la vie de ta maman, tu seras ainsi protégé. Tu seras toujours à l’abri du soleil. Tu n’exécuteras aucun travail. Tes frères ne travailleront que pour te servir. Qu’il te soit accordé selon ta bienveillance !
Savez-vous ces trois enfants ? En vérité, l’aîné et le cadet qui refusèrent de donner le bœuf à leurs parents se nomment respectivement « la tête » et « le dos », tandis que le benjamin s’appelle « le ventre ».