Législatives 2022 : le parlement du PS adopte à 62 % l’accord avec LFI
Réuni à Ivry-sur-Seine, le parlement du Parti socialiste a voté, jeudi soir, à 62 % en faveur de l’accord avec La France insoumise pour les législatives des 12 et 19 juin. Un événement d’investiture de la Nouvelle union populaire écologique et sociale doit se tenir samedi à Aubervilliers.
Le vote acte un changement d’orientation historique. Au terme de débats parfois tendus, le Conseil national du Parti socialiste (PS) a adopté à 62 %, jeudi 5 mai au soir, l’accord avec La France insoumise (LFI) pour les élections législatives de juin. L’accord a été adopté par 167 voix pour, 101 contre, et 24 absentions.
Plusieurs dizaines des 303 membres du Conseil national étaient présents – les autres ont participé en visioconférence. Les débats ont duré quatre heures et ont fait alterner partisans et opposants de l’alliance avec LFI, Europe Écologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste français (PCF) pour les législatives des 12 et 19 juin.
« C’est un moment de clarification, ce vote dit à quel espace politique nous appartenons », « à gauche » et pas avec Emmanuel Macron, a conclu le premier secrétaire Olivier Faure depuis le siège d’Ivry-sur-Seine. « Mitterrand, c’était ça la radicalité, et pourtant nous l’avons fait. À force de dire que nous sommes un parti de gouvernement, nous pouvons oublier nos propres racines, qui sont en partie dans la radicalité. »
Un événement d’investiture de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) doit se tenir samedi à Aubervilliers près de Paris.
Les circonscriptions de trois sortants sacrifiées
Le porte-parole Pierre Jouvet a rapporté la façon dont se sont déroulées les tractations qu’il a menées avec LFI, et a justifié les compromis passés : « Il n’est pas forcément évident pour les derniers rentrants (le PS) de ne pas accepter le cadre proposé » sur les circonscriptions, le programme et la stratégie.
Selon la liste consultée par l’AFP, sur les 70 circonscriptions obtenues, une bonne vingtaine sont gagnables. Mais les circonscriptions de trois sortants ont été sacrifiées : David Habib dans les Pyrénées-Atlantiques, Christian Hutin dans le Nord (qui ne souhaitait pas se représenter) et Michèle Victory dans l’Ardèche. Auxquelles s’ajoute la 1ère circonscription dans la Loire de Régis Juanico (Générations), que le PS pensait récupérer.
Lamia El Araaje, dont l’élection en 2021 a été invalidée en 2022, s’estime elle aussi flouée, l’accord investissant Danielle Simonnet. Une motion a été votée au Conseil pour donner mandat de renégocier en faveur de la socialiste.
Un accord déploré par une partie des socialistes
Malgré le soutien de la maire de Lille Martine Aubry, figure historique du PS, l’accord ne fait pas l’unanimité. « L’accord que vous avez négocié demande de nous excuser, de faire repentance, de nier une partie de notre histoire », s’est insurgée la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, cheffe du courant minoritaire.
« Il va falloir que Jean-Luc Mélenchon accepte l’insoumission. Soyez candidats si vous le souhaitez, c’est ça l’insoumission », a tonné le sénateur du Val-d’Oise Rachid Temal, aussi opposé à l’accord.
L’ancien président François Hollande a également « récusé l’accord sur le fond et les circonscriptions », tandis que son ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a mis sa menace à exécution en quittant le parti. Un autre ex-chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, a déploré auprès de l’AFP un « rafistolage » et une « forme de démission » qui risque de fracturer le PS.
Ils s’offusquent tous d’une alliance avec un Jean-Luc Mélenchon antagoniste historique du PS. Mais aussi de l’inclusion dans l’accord de la « désobéissance » aux traités européens en cas de blocage pour appliquer le programme, ou encore de nombreuses mesures sociales qu’ils estiment impossibles à financer. France 24