MACKY SALL ET LES ENSEIGNANTS
Par Alassane KITANE
En débitant des énormités sur le rapport entre inspecteurs et enseignants, Macky a oublié qu’on ne peut pas enseigner aujourd’hui comme on le faisait il y a vingt ans. Il ne sait pas que les relations pédagogiques et même celles hiérarchiques ont évolué en suivant l’évolution des mentalités. La société humaine n’est pas statique comme celle animale : elle est dynamique. Elle vacille entre ordre et désordre ; entre conformisme et anticonformisme ; entre conservatisme et innovation.
Demander aux hommes d’être statiques dans les rapports sociaux comme le sont les abeilles, c’est en quelque sorte leur demander de mourir en tant qu’hommes. Les inspecteurs sont des enseignants, or le meilleur enseignant est celui qui inspire Amour et Confiance. Un enseignant qui n’a que la peur comme levier pédagogique n’a pas sa place dans une école moderne.
La peur peut être utile, mais la répandre ne produit que méfiance, défiance et différends. Ne demandons pas à l’école d’être u, lieu de conflit. Laissons-la plutôt être le lieu de résolution des conflits sociaux. La promotion de l’égalité est déjà un jalon dans le règlement des conflits sociaux. L’enseignant ne peut pas avoir peur de l’inspecteur car il se soucie moins de sa carrière que de l’avenir des enfants qui lui sont confiés.
Un Président de la république ne peut pas répéter le discours du vulgaire ; il ne peut pas promouvoir la peur sauf s’il est lui-même prisonnier de l’usage de la peur. Or là aussi, il y a un effort à faire par le Président : un homme qui ne gouverne que par la peur et la ruse ne sait plus gouverner les hommes, je veux dire qu’il transforme son peuple en bétail.
Mais peut-être que Macky Sall a voulu parodier cette mise en garde de Platon « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes gens méprisent les lois, parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie ».Platon, République, VIII, 562b-563e.
Mais là encore Macky est passé à côté de la plaque, car Platon fait la promotion de la vertu, de l’excellence : les maîtres et les pères ne sont pas obligés d’être des tyrans pour les élèves et les enfants, ils doivent faire valoir leur vertu ou excellence pour se faire respecter. S’inspirer de ce texte de Platon pour s’en prendre aux enseignants, est aussi anachronique et insensé que s’inspirer de ses propos tenus dans le Timée pour juger les femmes actuelles.
Macky doit comprendre que c’est la médiocrité qui fait perdre l’autorité, pas l’amour et le respect. Soyons vertueux et nous aurons le respect, la révérence de tous. Toute cette manie à courir derrière des prix bidon et des rues à son nom témoigne d’une frilosité mentale.
Alassane K. KITANE