EDITO – Ousmane, le peuple n’ira pas à Canossa !

Par Bacary Domingo MANE

Ousmane*, je comprends ta frustration. Mais je te rassure que le peuple n’ira pas à Canossa ! Il fera face, contre vents et marées. Dans cette lettre, dont j’ai accusé réception, depuis la ville de Mame Coumba Bang, tu te dresses contre le comportement inacceptable des pilleurs des deniers publics qui, à la limite, sont en train de contraindre les populations à demander pardon, tellement leurs voix, grouillantes et diaboliques,  s’élèvent dans le ciel de l’immoralité. Le peuple ne se laissera pas humilier et son honneur sera sauf, grâce à une justice droite dans ses bottes.

Les agissements de cette vieille avocate du diable t’ont particulièrement heurtés, car tu as le sentiment qu’elle n’exprime aucun remords lorsqu’elle soulève la question des évènements tragiques de 2021 à 2024, à travers la loi d’amnistie, se réfugiant derrière son habituelle fausse dignité. Sur les plateaux de télévision, d’autres voix, dis-tu, narguent le peuple, comme si elles n’avaient rien à se reprocher, et cela te choque. J’entends et je comprends tes complaintes.

En effet, la tonalité de ton propos, dans ce courrier, est symptomatique de l’état mental de la jeunesse sénégalaise dont situation ne s’améliore pas depuis plusieurs décennies. Vous indiquez que l’argent qui était destiné à l’amélioration de l’environnement économique devant permettre aux jeunes de réussir leur insertion, est détourné par des dirigeants cupides et des hommes «d’enfer» dont le business fleuri à l’ombre des surfacturations et autres commissions indues.

Pour sûr, la corruption et le détournement des deniers publics sont des fléaux qui gangrènent notre société, compromettent le développement et condamnent des millions de jeunes et autres segments de la population, à l’inactivité et au désespoir. Pendant que les hommes politiques et certains fonctionnaires s’enrichissent illégalement, détournant l’argent destiné aux écoles, aux hôpitaux et aux infrastructures, les citoyens honnêtes subissent les conséquences de ces actes ignobles.

Le chômage des jeunes ne croît parce qu’ils manquent de talents, de profession ou de métier, mais à cause de l’avidité et du mépris de ceux censés gérer les ressources publiques avec intégrité. Au lieu d’investir dans la création d’opportunités, ces dirigeants prédateurs aggravent la misère en s’accaparant des richesses qui devraient profiter à tous. La pauvreté s’intensifie, les inégalités se creusent, et l’avenir de toute une génération est sacrifié sur l’autel du vol et de l’impunité

Ousmane, tu t’es même demandé, dans ce courrier, si ce qui se joue sous nos yeux, n’était pas de la sorcellerie, tellement le pillage des deniers publics par l’ancien régime n’a pas encore fini de montrer son étendue. Tu refuses, dis-tu, d’être spectateur de ce pillage organisé.

C’est pourquoi, tu dénonces, avec force, ces pratiques et exiges des comptes, tout en  réclamant une gouvernance transparente et juste. La jeunesse mérite mieux et  l’avenir ne peut être confisqué par une poignée de profiteurs. Son rêve s’est brisé contre les murailles du pillage et de la trahison, sous le poids des mains insatiables, qui ont vidé les coffres destinés à illuminer un horizon obstrué par les ennemis de la République. Ceux qui ont vendu l’honneur pour des mirages de richesse. Ces misérables !

Le comportement répréhensible des pilleurs pousse la jeunesse à la résignation, à la fatalité. Les jeunes doivent refuser d’être des victimes, mais plutôt des bâtisseurs d’un lendemain débarrassé des chaînes invisibles tissées par le vol et l’impunité, et où triomphera l’intégrité.

Ousmane, que ton indignation soit le feu qui purifie et ton courage, la lumière qui éclaire le chemin de tous ceux qui sont épris de justice et de paix.

Bacary Domingo MANE (mondeafrik.com)

*Nom de code que j’ai donné à la jeunesse sénégalaise  

Lettre (N°2) adressée à la jeunesse de mon pays (La 1ère lettre, cliquez sur ce lien : https://mondeafrik.com/2025/03/18/lettre-a-la-jeunesse-de-mon-pays-releves-toi-ousmane)