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Billet – Tabaski – Des moutons de Panurge…

Par Bacary Domingo MANE

Des moutons de Panurge….qui se jettent à l’eau, sans acquérir la moindre science de la nage ! La seule certitude est que nous sommes tous condamnés au «naufrage» collectif. Nous n’avons alors d’autre choix que de nous fondre dans la masse, si nous voulons échapper au regard persécuteur du voisin.

Le mouton du sacrifice doit être trouvé, quoique cela puisse nous coûter. Notre voisin qui distribue les bons et les mauvais points en fonction de la taille du ruminant «star», vole et viole notre intimité, en perturbant l’univers construit à coup d’imagination fertile, un vrai havre de paix au beau milieu de la grisaille quotidienne.

Nos moindres faits et gestes sont épiés, le voisin se réserve la primeur de la surprise au bout de la corde pour se charger de le dire aux «Fatou» et «Modou» du quartier. Peut-être, avec un sourire aux coins des lèvres, histoire de se moquer du «physique» de la «star» de l’Aïd El-Kébir.

              Ce regard oblique…et malicieux

Son regard pesant devient une sorte de mauvaise conscience nous rappelant, à chaque instant et à chaque coin de rue, la tyrannie d’une société de consommation où tout repose sur l’artefact. Le miroir et son reflet ! Le règne de l’apparence. (…)

Le mouton de Tabaski ne se soustrait pas à ce regard oblique, malicieux, déformant, à la limite traumatisant. Un regard qui rend malade, réellement malade ! 

Nous sommes tous atteints, en cette veille de Tabaski, de la «maladie du mouton» dont les symptômes sont constitués de migraines, d’hypertension, de convulsions, nausée, mauvaise humeur et de délires de persécution…

Les persécutés pètent un câble, avec au bout des complaintes, des crises de nerfs, des tics nerveux bruyants, des agressions verbales envers tous ces regards persécuteurs. Le mouton devient alors un véritable problème de santé publique.

                        A l’heure du Fake beauty

Notre quiétude est perturbée, le calme propice à la réflexion est soumis à rude épreuve du bruit dictant sa loi dans les marchés, les rues et ruelles, et les quartiers. L’ambiance dans les salons de couture et de coiffure donne l’impression que le monde s’arrête au soir de l’Aïd El-Kébir.

Faux ongles, faux sourcils, faux cheveux, faux visage (make up)…Nous sommes tout simplement à l’heure du Fake beauty. Faites un petit tour dans ces salon-labo pour en avoir le cœur net. Renversant !

Dans le brouillard des hallucinations, les persécutés voient des moutons partout : du balcon, de la chambre à coucher, du salon, des toilettes, de la terrasse de sa maison…Des moutons imaginaires qui ne peuvent, hélas, donner le sourire aux enfants, encore moins à une épouse qui souffre…dramatiquement, elle aussi, du regard persécuteur de la voisine.

                    Victime d’une «conspiration»

Le « persécuté » finira par craquer, en s’endettant, au nom d’un plaisir d’une seule journée. Il cède à la «conspiration»d’une société qui creuse les inégalités.

Malheureusement, après le sacrifice du mouton et les repas copieux, le «persécuté» est envahi par l’angoisse du paiement des dettes. Ce qui explique ses problèmes d’indigestion. Impossible de savourer la fête. La faute au regard…persécuteur du voisin.

Bacary Domingo MANE

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