Famine au Congo et Madagascar : «Ils mangent de la terre mélangée à du tamarin»
Les conflits et les effets de la pandémie du Covid-19 ont aggravé l’insécurité alimentaire au Congo, tandis que Madagascar est touché par une grave sécheresse.
« Les gens mangent de la terre mélangée à du tamarin »
Les habitants du sud de Madagascar mangent de la terre mélangée à du tamarin pour éviter la faim, car la sécheresse a détruit la culture de base de la région, rapporte l’agence de presse AFP. »Nous l’appelons « terre de survie » car elle permet au goût acide du tamarin de s’infiltrer dans notre bouche, ce qui permet d’éviter la faim », raconte l’agriculteur Doday Fandilava Noelisona. »De nos jours, nous ne cherchons plus de la nourriture pour vivre, mais des moyens de remplir les estomacs vides », ajoute-t-il.Les fruits de cactus dont les gens dépendent normalement se sont desséchés à cause du manque de pluie.Avianay Idamy, un autre agriculture cité par l’AFP, dit s’être mis à vendre du charbon de bois pour récolter assez d’argent pour que sa famille puisse manger du manioc une fois par jour.Selon le Programme alimentaire mondial, 1,5 million de personnes dans la région du sud de Madagascar ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence
La « plus grande crise alimentaire du monde »
Près de 22 millions de personnes en République démocratique du Congo sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, en hausse spectaculaire par rapport à l’année dernière, a averti une agence des Nations-Unies.
« Le nombre de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire aiguë à un niveau de crise ou pire a augmenté de façon spectaculaire – de 15,6 millions en 2019 à 21,8 millions », indique l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture dans un rapport.
L’organisation affirme que les conflits et les effets de la pandémie Covid-19, qui ont eu un impact sur les prix des denrées alimentaires et les moyens de subsistance, ont aggravé le problème.
« Ces facteurs exacerbent les besoins humanitaires et le pays est maintenant frappé par la plus grande crise alimentaire du monde », indique le rapport.
L’organisation cite également « un déclin économique lié à la dépréciation de la monnaie et à la baisse de la croissance du PIB ainsi que des risques naturels », tels que les inondations, comme facteurs contribuant à la crise.
La plupart des personnes touchées par le problème se trouvent dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, de l’Ituri et du Kasaï central, selon la FAO.
Selon l’agence des Nations-Unies, la situation est particulièrement difficile pour les personnes déplacées et les rapatriés « qui retournent souvent dans leur région d’origine et se retrouvent sans les moyens de reprendre leurs moyens de subsistance ».
La FAO avertit qu’avec la faim aiguë, toute nouvelle perturbation des chaînes d’approvisionnement alimentaire ne fera qu’aggraver les souffrances humaines et entraver les efforts pour résoudre le problème.bbc