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«La balade du diable et la chute de nos bâtisses»

Par DR PATRICE CORREA

Et parait subitement cette milice nommée covid 19, une horde de petits monstres de co(ro)nards portant des diadèmes de la mort. Elle fait, en si peu de temps, trembler un monde assuré de sa solidité. Que nenni! La milice lui infligea une correction foudroyante; piétinant ainsi sa vanité de civilisation super « infrastructurée ». A ses villes impressionnantes aux avenues chic et aux ouvrages luxueusement bardés de parures de noce princière, elle se moqua royalement, répandant dans l’atmosphère un air irrespirable et fixant dans le ciel des nuages noirâtres de crasses et de désespoir. La béance est alors absolument frappante. Même les habitats qui rivalisent de qualité archi-esthétique, d’ingénierie de sureté, ne lui résistent que guerre. Pire, la milice toise, méprise et infiltre les bâtisses érigées pour nos sécurités, en pierre comme en chaire y compris la « forteresse » hospitalière. A genou, cette dernière est réduite à l’obligation de supplier l’indulgence du Mal. Médecins désemparés et dévastés d’impuissance, religieux en panique…le monde s’effondre car le diable, avec ses petits, se pavane allègrement dans ses rues. Et, sans état d’âme, la bande poursuit son tango funestement rythmé et humiliant. Visiblement heureux de compter par milliers ses proies, il savoure le sang d’innocents par milliers. Mais d’où vient cette puante armée de mort? Voilà, maintenant c’est officiel, la vie est en trêve! Chaque jour offre l’ambiance d’un lendemain de fin du monde où seuls les restes et survivants pointent leur nez dehors à la mémoire des victimes. Le Carnassier impitoyable se joue de tout. Il ruse avec une fausse discrimination de génération, de région et de couleur de peau pour se donner un peu de coeur. Aucun brin d’humanité! Continent après continent, pays après pays, de ville en ville, dans les villages, les terroirs les plus reculés et les quartiers, il saupoudre sans bruit de son poison cruel. Même pas épargnés, les retranchements les plus intimes sont aussi béants. Là encore, il faut forcer la bâtisse, quitte à séparer ce que la Nature a uni. Le plaisir du Mal absolu!

Mirages à nu, « assurances-vie » vidées

Mise à nu et, humiliation donc, voilà sa mission ! Nudité de l’escroquerie génétique des Etats qui nous ont promis sécurité, sureté et progrès. Humiliation des princes, « superhéros » de nos rêveries d’adultes-enfants. La milice Covid 19 tacle alors béances et boursouflures de nos systèmes, en réalité si fragiles, vulnérables et précaires. Fin de rêves ! Effondrées comme des châteaux de cartes, nos bâtisses humaines et matérielles mettent sous nos yeux les mirages démasqués d’une civilisation de l’escroquerie et du faux. Désenchantement ! Aucune vie n’est donc si assurée qu’on ne le prétend. Le bataillon de la mort a pu vider de sens, si froidement, nos vies si belles pour bien mériter son nom. Et puis, merci à cette race de salauds qui révèle tout au passage! Regardez! La mue des pays « riches », « charitables » en apôtres de l’égoïsme. La « cynique » conversion d’autres à la conscience et à la responsabilité de secourir les plus vulnérables. Responsabilité, innocence ou culpabilité, il faut choisir face à la faucheuse. Enfin, la pauvreté des pauvres, d’ignorer l’essentiel, enfermés quant à eux, dans la prière et la fatalité comme seule arme : Dieu miséricordieux et miraculeux. Il descendra quand même, il ne saurait être un spectateur de luxe.

Combien de temps va durer ta balade?

 Laisse-nous au moins le droit de connaitre la durée de ton passage afin de mieux honorer ton départ! Nous pourrions mieux organiser ton « voyage sans retour », nonrenouvelable, nous espérons. Faut-il te rappeler que tu n’étais pas invitée? Au risque d’être cyniques, nous ne te remercierons pas de nous convaincre de la relativité de nos conventions sociales comme des arrangements non-immuables. Afin de t’offrir un excellent retour définitif d’où tu viens et dont tu as, seul, le secret, nous cesserons de célébrer nos traditions de civilités. Nous ne serons pas non plus comme Judas, nous ne « baiserons » personne. Nous ne ferons pas, comme le héros du Titanic, preuve de romantisme, puisque que tu nous a confisqué cet art. Et, pour nos « assurances-âmes », nous adorerons, en vérité et en esprit le Dieu dont nous attendons le secours, ni à la montagne, ni à la synagogue, ni même à la mosquée, à l’église ou au temple. Quant à nos solidarités spontanées ou sophistiquées, nous promettons de leur donner de nouvelles vitalités. Enfin, nous bâtirons autrement nos villes et nos vies car nous avons compris l’essentiel. Mais, en attendant, passe, horde de monstres !

P.C./UGB

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