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EDITO- SONKO ET LES VERTUS DU  SILENCE

PAR BACARY DOMINGO MANE

Le silence de Sonko les indispose. Un silence pesant,  insupportable et intriguant, pour les malfaiteurs du régime de Macky Sall. Ils ont tellement de choses à se reprocher qu’ils ne peuvent échapper à la torture de leur mauvaise conscience. Un véritable enfer des vivants, pour parler comme John Calvin Coolidge.

Ils veulent savoir à quelle sauce ils seront mangés, ces conseillers et collaborateurs aux mains ensanglantées ou argentées. C’est pourquoi, ils guettent, dans les moindres faits et gestes du Premier ministre, un message ou quelque chose qui va assouvir leur soif de réponse à une question existentielle : le devenir suscitant la crainte du futur. Ils savent qu’au bout silence quelque chose de terrible va leur arriver. Mais ce qu’ils ignorent, par contre, c’est le degré du mal infligé. Et ça…

Ils adoraient faire du mal à l’autre, car c’est dans le mal qu’ils accomplissaient leurs désirs les plus insensés. Ils se savent, à présent, vulnérables, et conscients que l’heure est arrivée de payer le lourd tribut du mal qu’ils ont fait subir aux patriotes. Leur boulimie du pouvoir et de l’argent a fait exiler, de nombreuses familles, le sourire et l’espoir. Ils se sont abreuvés du sang de jeunes innocents dont le seul «tort» était d’aspirer à une société juste et égalitaire.

Ils multiplient les provocations et les mensonges pour amener Sonko à rompre le silence. Et les journalistes, dans l’habit de néo-opposants et le rôle de fantassins ouvrant la brèche dans les lignes du «politiquement incorrect», font le sale boulot en versant dans le bavardage inutile, la parole vide et la logorrhée.  Mais face à ce vacarme, le PM oppose le silence-mystère ou intrigue. Et il crée, du coup, un climat de tension et de gêne qui est perçu par les collaborateurs et les conseillers du diable comme une agression passive[1]. Sonko utilise aussi le silence comme Miroir, en reflétant à l’adversaire ses propres fautes sans avoir besoin de les verbaliser. La mauvaise conscience a déjà érigé les gratte-ciel du mal.

Le Pm est conscient que parler tout le temps, c’est se confondre avec le bruit médiatique, avec comme conséquence la diminution de l’intensité du désir de s’entendre. Or, savoir se taire, c’est aiguiser le désir d’être écouté. Moralité, pour parler comme, Jacques Pilhan[2], «L’attention qu’on va prêter à mes paroles va être considérable. La différence entre le signal que j’émets et le bruit ambiant sera très importante. Il y aura beaucoup de reprises dans les médias, beaucoup d’impact dans l’opinion».

En imposant le silence, Sonko affiche un ardent désir de garder le contrôle de la situation, en refusant de jouer selon les règles de ses adversaires. D’où leur frustration.

Enfin, le locataire du petit palais a recouru au silence comme forme de protection contre les escalades inutiles de journalistes corrompus et de néo-opposants riches comme Crésus. Sonko a compris que parler juste pour le plaisir, c’est leur donner des arguments pour continuer leur comportement diabolique.

Les malfaiteurs auront tort de se fier au calme apparent, car la tempête se prépare.  Impitoyable, sera le Big Bang !

Bacary Domingo Mané.


[1] Denis Barbet et Jean-Paul Honoré, «Ce que se taire veut dire. Expressions et usages politiques du silence», Mots. Les langages du politique, mis en ligne le 16 décembre 2015.

[2] « L’écriture médiatique. Entretien avec Jacques Pilhan », Le Débat, no 87, p. 4-5. 
C’est le conseiller en communication des Présidents Mitterrand en 1984 puis Chirac dix ans plus tard .

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