CONTRIBUTION

CONTRIBUTION – SERIES ET TELEFILMS SENEGALAIS: Le mercato des contenus impudiques et attentatoires aux bonnes mœurs

Les chaînes de télés dans notre pays, à travers une quête effrénée d’audience et de buzz, nous présentent  depuis quelques années,  des séries dites  sénégalaises, de plus en plus osées. Elles  expriment de façon tendancielle une  propension  à l’excès jusqu’à repousser les limites et les frontières du moralement concevable.

En effet, les acteurs et autres experts de la plateforme télévisuelle sénégalaise, dans un souci  de remodeler le contenu des offres de programmes afin de le mettre  à la texture et aux couleurs bien sénégalaises,  se sont trouvés subitement le prétexte de nous proposer  des séries qui mettent le focus sur des histoires de mœurs assez sensibles du reste avec, parfois des scènes qui heurtent et qui portent gravement atteinte à notre code moral affectant  du coup notre rapport à l’éthique.

Nous estimons, à la lumière de ce que nous pouvons relever à travers ces dites émissions de téléréalité, que trop c’est trop et qu’il est plus que  temps de sonner le tocsin aux fins de repenser ces séries et téléfilms sénégalais qui nous présentent un tableau et une représentation de notre société totalement impudiques avec une stratégie de promotion des contre-valeurs et autres contre-modèles savamment pensée et planifiée par leur concepteurs. Le prétexte de cette contribution que nous proposons à la critique des spécialistes et qui a aussi valeur d’interpellation citoyenne, reste alors étroitement lié à la problématique du contenu de ces séries  totalement obscènes, pervers et attentatoires à la morale sociale et qui prennent de plus en plus de  place dans la grille des programmes de ces chaînes de télés.  L’autre soir, pendant que nous étions tous regroupés dans le salon en train de deviser, que le teaser d’une série produite par une  structure  du nom de Evenprod  << infidèles >> et  qui allait être diffusée sur la Sentv, est passée,  occasionnant ainsi de la gêne quant aux propos et aux gros mots  à la limite du lexique pornographique. Une jeune fille actrice dans la dite série s’est même permise d’exhiber devant son petit copain de la lingerie de femme pour lui demander sans censure aucune à qui cela appartient. De façon générale, ces nouvelles séries proposées à la consommation populaire, sont de nature à nous imposer des modèles en contradiction totale avec notre acception sociale et philosophique  du bien et du mal, du bon et du mauvais. Tout cela,  pour mettre en exergue le caractère immoral et vulgaire du langage et des scènes suggestives et osées qui passent à travers ces séries . Ces dernières contribuent plus à abrutir et a pervertir une jeunesse déjà en mal de repères et profondément immergée dans l’océan des contre-valeurs. Mais alors, faisons bien la part des choses, à côté de ces séries socialement contre-indiquées ( infidèles- maîtresse d’un homme marié etc. ), Il y’a bien des séries fortement appréciées de l’opinion en général (mbettel- idoles etc.) Parce que charriant de très bons messages à fort taux d’utilité sociale et symbolique. C’est dire donc que la  fin de la récréation doit être sonnée par les autorités en charge du secteur notamment le CNRA et en tant qu’acteur de la société civile, observateur social,  lanceur d’alerte et profondément meurtri par tous ces vices et ces  orientations perverses de la société sénégalaise avec comme support les médias,  nous invitons personnellement et interpellons Mr Babacar DIAGNE , homme de l’art et homme des médias, à s’intéresser davantage à ce qui se passe dans ces séries émergentes qui mettent l’accent sur le luxe le lucre, la femme et l’argent .

Les rôles sociaux tels que conçus, disposés et organisés dans notre vie sociale, semblent, dans certaines de ces séries,  interchangeables avec des cougars et des gigolos de plus en plus acceptés par la société, des sœurs qui se disputent un même homme dans un film, bref un parfait renversement de notre échelle de valeurs. Et c’est à dose homéopathique que l’on nous fait accepter ce qui est moralement et socialement inacceptable.

Nous devons arrêter de faire la politique de l’autruche et de verser dans une forme de mimétisme en voulant adapter et adopter des modèles de séries dont la trame ressemble bien à ce qu’on peut voir ailleurs dans les médias occidentaux. N’a-t-on pas l’habitude de voir dans les films proposés par Netflix, des rôles de premier plan assurés et assumés par des LGBT ?

Non, nos réalités socio-culturelles, notre rapport aux valeurs, notre référentiel religieux sont autant  d’éléments  d’identification de notre différence et que nous devons absolument préserver si nous ne voulons pas perdre notre âme culturelle chevillée à notre ADN social ; Cela ne remettant absolument pas en cause la nécessité, en tant que société humaine  de nous ouvrir à tous les apports fécondants de la modernité.

Même si, à travers cet immense carrefour d’échanges et d’inter relations humaines qu’est internet, il est possible d’accéder à des contenus tout aussi pervers, il va s’en dire que la télévision  n’a pas le droit de faire le portage de ces déviances. Pour ma part, j’estime que les médias,  au-delà de leur vocation commerciale, ont  une mission de service public et de participation en tant que levier puissant de formation d’information et surtout d’éducation des masses.

Autrement dit, la télévision ne doit pas être un espace de propagande et de promotion des valeurs qui tirent une société vers le bas. Elle se doit, en toute responsabilité, de participer à l’éducation et a la préservation de nos valeurs et non d’abrutir encore mois de pervertir. En dépit de cette profonde crise des valeurs et des modèles adossée a une grave  perte de sens des concepts et idéaux constitutifs par ailleurs de notre éthique sociale,   notre société a toujours su résister face à ces assauts répétés des forces du mal qui, dans leur projet universel de substituer le bien au mal,  travaillent patiemment,  à la déconsolider. Nous ne devons pas l’accepter et nous n’avons pas le droit de croiser les bras et de laisser faire car , se faisant, nous rendrons compte à la postérité et serons doublement interpellés : par l’histoire et par notre conscience. Ce combat de protection des valeurs, nous devons le mener par tous les moyens car nous le devons à nos enfants et à nos petits enfants. Nous ne sommes pas naïf au point de croire que le combat sera facilement gagné. O que non ! Car nous comprenons que ces séries c’est aussi du business, et nous savons aussi que partout dans le monde, y compris chez nous, le mal et le vice se vendent très  bien. L’aveu de l’ancien PDG de TF1  Patrick Le Lay en 2004 n’est-il pas aussi édifiant quant aux enjeux commerciaux pour une chaîne de télé ? En effet,  Mr Le Lay disait ceci : << Le métier de TF1, c’est d’aider nos clients et partenaires à vendre leurs produits et pour cela il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Bref, c’est du temps de cerveau humain disponible que nous vendons  >>.

Par le rappel des propos de cette voix autorisée du monde médiatique français, nous  comprenons alors parfaitement  que dans leur conception, ces séries sont également soutendues par un plan marketing béton et portées  par un modèle économique qui donne des résultats en termes d’audience et d’objectifs poursuivis,  avoués ou non avouables par leurs producteurs.

En attendant, revisitons notre passé florissant de valeurs  et dotons- nous des moyens d’agir afin de pouvoir recréer notre histoire sociale tout en nous inspirant fortement des grands enseignements de nos hommes de science ainsi que nos puissantes figures religieuses qui ont été les vrais artisans du vivre ensemble sénégalais .

Ne laissons pas notre société sombrer dans les profondeurs abyssales de la misère morale qui nous guette.

Amadou Moustapha DIOP

Sociologue

Militant de la société civile et lanceur d’alerte

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