MAURITANIE: À Nouakchott, la Mauritanie trace sa voie migratoire, loin des injonctions européennes.
Sous le soleil de Nouakchott, entre les vents du désert et les brises de l’Atlantique, la Mauritanie se trouve à la croisée des routes migratoires africaines. Depuis plusieurs années, ce pays charnière, situé entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, est devenu un point de passage stratégique pour les migrants en quête d’Europe. Mais face aux attentes croissantes de Bruxelles, Nouakchott refuse désormais de plier sans conditions.
Dans une tribune parue lundi dans *Le Monde*, Mohamed Salem Ould Merzoug, ministre mauritanien des Affaires étrangères, pose les limites : «La Mauritanie n’est pas le garde-frontière de l’Europe. » Le ton est donné. Derrière cette phrase, une revendication forte : celle d’une politique migratoire pensée et conduite selon les intérêts du pays, et non en fonction des agendas sécuritaires européens.
Le ministre défend une ligne claire : surveiller les frontières, oui, mais dans le respect de la dignité humaine et des engagements internationaux. Accueillir les réfugiés du Sahel, encadrer les passages, lutter contre les réseaux de traite, tout cela dans un cadre mauritanien, pas sous-traité. « Notre pays agit avec les moyens qui sont les siens, dans un environnement fragile », rappelle-t-il.
Ce message vise autant les partenaires du Nord que les voisins du Sud. Car la Mauritanie se veut aussi force de proposition en Afrique. Elle appelle à une gouvernance concertée des migrations, à l’harmonisation des politiques régionales et à une approche panafricaine de la mobilité. Une position qui tranche avec le silence ou l’alignement d’autres pays de la région.
Tout en maintenant ses liens avec l’Union européenne, Nouakchott tente donc de bâtir un équilibre diplomatique. Un jeu délicat, entre pression extérieure et volonté d’autonomie. Pour la Mauritanie, la migration ne doit pas être une menace à contenir, mais une réalité à organiser. Et, pourquoi pas, un levier de développement partagé.
TRIBUNE PARUE LUNDI 28 AVRIL 2025 DANS LE JOURNAL FRANÇAIS LE MONDE
Reprise par Confidentiel Afrique
Confidentiel Afrique