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Cameroun: Guerre feutrée des caciques au palais d’Étoudi dans l’ombre de Paul BIYA

La très tumultueuse transition politique en vue qui souffle sur le palais d’Étoudi de Yaoundé ravive la guerre des clans entre les caciques du régime Paul BIYA. Derrière ce duel feutré qui oppose le « puissant » ministre d’État, Secrétaire Général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh au ministre délégué à la Justice, Jean de Dieu Momo, se cache la note de frais de 2 millions 132 550 d’euros (plus d’un milliard trois cent quatre-vingt-dix millions FCFA) du cabinet français Jeantet autour du litige de la junior minière austalienne Sundance Resources, écartée du méga projet miner Mbalam-Nabeba, situé sur la frontière congo-camerounaise. Confidentiel Afrique revient en exclusivité sur les derniers rebondissements de l’affaire Jeantet qui agace le palais de Yaoundé. 

L’intouchable Ferdinand Ngoh Ngoh joue-t-il ses dernieres cartes?

Qui doit payer la note de frais de 2 millions 132 550 d’euros (plus d’un milliard trois cent quatre-vingt-dix millions FCFA) du cabinet français Jeantet ? Le ministre d’État, ministre Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, devra rapidement trouver un dénouement heureux sur l’affaire Jeantet, nom du cabinet français. Surveillé comme du  » lait sur le feu » par son collègue, sur son flanc gauche,  le ministre délégué à la justice Jean de Dieu Momo. Ce dernier manifeste, publiquement, son mécontentement de constater que le véritable destinataire de la note de frais d’un montant de 2 millions 132 550 euros (plus d’un milliard trois cent quatre-vingt-dix millions FCFA), d’un cabinet parisien, Jeantet, soit le ministre d’État,  Secrétaire général de la présidence de la République plutôt que celui de la justice, “Conseil de l’État du Cameroun.” Des documents  » confidentiels » en possession de Confidentiel Afrique en exclusivité, mettent à nu les ambitions et voeux douteux des uns et des autres. Une bataille de clans qui fait rage dans les couloirs du palais d’Étoudi de Yaoundé, dans l’ombre du président Paul BIYA.

Paul Biya, Pr du Cameroun

Jean de Dieu Momo, ministre délégué à la Justice

Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la présidence

Laurent ESSO, ministre de la Justice convalescent à Paris

Sundance Resources, cette junior minière australienne, lézardée par le méga projet Mbalam-Nabeba

Les faits remontent en 2021. Non contente de se voir écartée du projet minier de Mbalam-Nabeba à la frontière entre le Cameroun et le Congo, projet dans lequel, elle n’arrivait pas à attirer des investisseurs, la junior-minière australienne dépose une réclamation devant la CCI en 2022 et réclame des dommages de 5,5 milliards de dollars (soit 3 401,6 milliards de FCFA, selon le cours du dollar de l’époque) contre la partie camerounaise pour lui avoir retiré le projet au bénéfice de partenaires chinois.

La somme que Sundance Resources réclame représente 36 fois l’estimation (94 milliards de FCFA) des dépenses engagées par l’entreprise lors de la phase de recherche, selon l’ancien ministre camerounais des Mines, feu Gabriel Dodo Ndocké. La partie camerounaise a donc logiquement refusé cet arrangement et Jean de Dieu Momo, ministre délégué à la Justice qui assure l’intérim du ministre d’État ministre de la Justice, Garde des Sceaux décide plutôt en février 2025 de renoncer à l’arbitrage de la Chambre de commerce international de Paris et de régler à l’amiable avec Sundance Resources.

Le 3 mars 2025 une réunion se tient au ministère de la Justice présidée par Jean de Dieu Momo avec Gaston Kenfack, directeur de la législation au ministère de la Justice ; Dieudonné Alima Onana, directeur des affaires juridiques au ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique; Mougnal Sidi, directeur des affaires juridiques au ministère des Relations extérieures; et Benoît Placide Mevoua, chef de la division des affaires juridiques au ministère des Finances. Ces derniers doivent se rendre à Paris du 7 au 14 mars 2025, pour y rencontrer les avocats de Sundance Resources Limited, afin d’échanger avec ceux-ci sur les termes de l’accord à intervenir entre les différentes parties dans le cadre d’un arrangement à l’amiable, tel que l’a décidé Jean de Dieu Momo.

A qui doit- on payer la note de frais ?

Entre-temps, c’est le cabinet Jeantet qui adresse une note de frais salée de 2 132 550 euros, soit plus d’un milliard trois cent quatre-vingt-dix millions (1 390 000 000) FCFA, destinée à couvrir les diligences déjà accomplies par le cabinet dans cette affaire. La note est adressée au ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République qui l’impute au ministre délégué à la Justice, le ministre d’État ministre de la Justice, Garde des Sceaux étant en séjour sanitaire en dehors du pays.

Au Secrétariat général à la présidence de la République, on s’oppose résolument à cette démarche. Le 11 mars 2025, Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’État, secrétaire général à la présidence de la République le fait savoir à Jean de Dieu Momo et lui demande de poursuivre la procédure auprès de la Cour internationale d’arbitrage de Paris, sous haute instruction du chef de l’État. Il ne réserve aucune suite à la proposition du ministre délégué, assurant l’intérim du ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Mais également, il demande de régler les honoraires du cabinet Jeantet pour un montant de 1 390 000 000 Fcfa et refuse d’accorder toute autorisation de sortie.

Le 20 mars, Jean de Dieu Momo, ministre délégué à la Justice, prend enfin la peine de répondre au ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans la correspondance “dont le contenu et le ton n’ont pas cessé, depuis, de donner libre cours à toutes les interprétations” commentent nos confrères de La Nouvelle, une parution locale hebdomadaire proche de la présidence. Il avait, auparavant, fait savoir par téléphone à Maître Thierry Lauriol du cabinet Jeantet que celui-ci ne représente plus les intérêts du Cameroun. La maison Paul Biya prend feu. Et la faute à Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’État, tout puissant secrétaire général la présidence et au ministre délégué à la Justice, assurant l’intérim du ministre d’État, ministre de la justice garde des sceaux depuis 2011, Laurent Esso, malade, très affaibli, glissent des sources crédibles à Confidentiel Afrique, contraint à un séjour sanitaire depuis plusieurs semaines en dehors du pays.

Par Oussouf DIAGOLA, Paris, Bamako (Confidentiel Afrique)

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