Hommage – MALICK ET MAME LESS…
Par le Pr Mamoussé Diagne, philosophe
Te souvient-il de cette matinée où furent jetés sur la grève de nos souvenirs, ces deux hommes,
Malick Ndiaye et Mame Less Camara ?
Tous les deux désormais enveloppés de ce linceul pourpre où dorment les Dieux morts.
Ils partageaient tous les deux le Département de Philosophie, me rendant incapable de faire le départ entre l’Ami et le Philosophe. Il fallait qu’ils partent tous les deux, la main dans la main, unis comme un seul Homme !
J’avais prévenu que j’enterrerais mes amis un dimanche.
Et voilà que ça arrivait un matin sans nuage, qui verrait les travailleurs brandir leurs poings vers le ciel …
Malick avait une ombre immense, aussi immense que son désir d’agencer un dialogue entre deux authentiques Trotskystes, forts de leur force puisée dans la fontaine de la Révolution permanente et qui finirait dans le Musalikun Djinaan.
Comme la nuit ne saurait dissoudre les contours de l’ombre, tu es parti sans prévenir, sans rien nous laisser sur la question des questions de nos enfants et de nos femmes, sans qui nous n’aurions jamais pu rien faire, sans pouvoir semer entre Pikine et Guédiawaye les graines de la Révolution permanente !
Aussi, ma mémoire capricieuse se plaît-elle à enjamber le temps pour retrouver le moment de la vivisection d’où jaillissent ces lignes où je cours après l’Absent.
L’Absent véritable est notre Cadet, Disciple et Fils. Fait d’un sang trop lourd, qu’on a puisé pour le recracher sur la tombe des Saints Innocents.
Less étonné autant que la Grande Ombre sans pouvoir jamais être cerné par ses collègues et contemporains : Philosophe, Journaliste, Prof, et plus encore…
La multiplicité des adjectifs s’entrechoquant, produisait une musique douce ne pouvant être traduite dans la moindre gamme, dépassant de loin la moindre réalisation, virant, virevoltant jusqu’à heurter un mur, effaçant l’inscription qui s’y trouvait : CESTI.
Mamoussé DIAGNE