Sénégal-Sonko, nouvel Héros…
Le Sénégal souvent considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest est en proie depuis quelques jours à de fortes tensions meurtrières, ôtant la vie à 8 jeunes. Le pays vit ses heures les plus sombres de sa page politique contemporaine. Face à la contestation populaire sur fonds d’émeutes de la faim, demande croissante de justice et d’équité sociale mais surtout d’emplois actifs, le pouvoir Macky SALL est pris en étau. Un petit temps de répit pour les deux camps avec la mise sous contrôle judiciaire de l’opposant SONKO.
Le Sénégal vient de vivre ses pires émeutes depuis 1988. La base de la contestation est partie d’une affaire de viol qui s’en est suivie de l’arrestation d’un leader de l’opposition réputé proche de la jeunesse, le leader du mouvement ‘’PASTEF les Patriotes’’ et arrivé troisième aux élections présidentielles de 2019. Énarque et haut cadre aux Impôts avant son limogeage, Ousmane Sonko joue la carte de l’antisystème. Il est l’un des opposants les plus farouches du régime Macky SALL.
Un symbole pour la jeunesse en déprime
Les rues de Dakar n’avaient probablement jamais connu un tel déchainement de violences. Dakar et des régions intérieures du pays ont plongé dans un chaos intenable imposé par des milliers de jeunes déterminés à en découdre avec les forces de police et de gendarmerie débordées. Le forces de l’ordre et les manifestants se disputent chaque mètre dans presque tous les quartiers de la capitale.
Sur leur passage, tout est détruit, ce qui a mis le feu au poudre, c’est l’arrestation mercredi dernier du jeune leader de l’opposition Ousmane Sonko. La foule en colère exige sa libération immédiate. Une trentaine d’enseignes françaises Auchan et Total, ont été consumées par des foules hors de contrôle. en candidat à la présidentielle de 2019, Ousmane Sonko est accusé de viol au courant du mois de février dernier par une jeune fille. Ses partisans parlent de complot politique. Il sera arrêté et placé en garde à vue à la section de recherche de la gendarmerie pour troubles à l’ordre public alors qu’il se rendait au Tribunal pour répondre de ses accusations de mœurs.
Son arrestation est le détonateur d’une colère généralisée qui sommeillait chez des jeunes qui attendaient la moindre chandelle pour passer aux actes. Depuis des mois, la crise sanitaire a entrainé une grave crise économique dans le pays. Les jeunes crient leur ras le bol allant jusqu’à exiger la démission du Président de la République.
Émeutes de la faim et le silence pesant du Président Macky Sall
Un vrai carnage lors de ses manifestations, les jeunes ont déversé leur colère dans la rue en pillant des stations d’essence, des supermarchés pour la plupart de firmes françaises. Certaines maisons de presse ont fait l’objet de saccage, pneus brûlés, jets de pierres…tout y passe. On note également, lors de ses affrontements une dizaine de morts et plusieurs blessés. Après les trois journées folles des émeutes sanglantes, le silence pesant du Président de la République du Sénégal, Macky Sall inquiète plus d’un. Jusqu’à ce jour, aucune déclaration médiatique venant du Président Sall pour essayer de calmer la situation. Pourtant, elle est attendue. Aux derniers nouvelles, le palais confirme la sortie du Chef de l’État SALL à 20 heures.
Le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, n’a pas été épargné. Le patron de la Rue Washington a fait l’objet d’un lynchage surmédiatisé sur les réseaux sociaux suite à sa sortie ratée sur la situation. Le premier flic du pays qualifie ses actes barbares comme du terrorisme. Une deuxième sortie ratée enfonce la porte. Celle du président du HCCT, Idrissa Seck, nouvel allié du Président SALL . Du tout ça pour ça ergotent beaucoup d’observateurs de la scène politique sénégalaise.
Mais, celui qu’on peut surnommer l’homme de la situation est bien le médiateur de la République Alioune Badara Cissé, un des fidèles du Président Macky SALL et ancien ministre des Affaires Étrangères.
Le médiateur dans son discours a proposé des sorties de crise, en appelant à la médiation et au calme. Les chefs religieux ont aussi apporté leur contribution face à cette situation chaotique en envoyant des émissaires auprès du chef de l’État. Les organisations internationales telles que l’ONU, la CEDEAO, l’Union africaine ont aussi apporté leur soutien en lançant un appel au calme et demandé aux forces de l’ordre de veiller sur la sécurité des personnes et des biens.
Ousmane Sonko, inculpé et placé sous contrôle judiciaire
Le doyen des juges Samba SALL ayant hérité du dossier, après le désistement de son prédécesseur Mamadou SECK, avait envoyé un mandat d’amener à Ousmane Sonko. Le procureur a levé dimanche soir la garde à vue d’Ousmane Sonko après 96heures de détention en compagnie de son garde du corps et du caméraman.
Convoqué ce lundi à 11heures par le Juge Samba Sall, le leader de Pastef, Ousmane Sonko est inculpé pour viol et menace de mort et placé sous contrôle judiciaire. Le dossier est loin de tirer son épilogue. Le leader du PASTEF est rentré à son domicile vers 14 heures locales accompagné par une foule de jeunes en liesse populaire. Une marche des forces démocratiques et de résistance est prévue cet après midi pour continuer la lutte et dénoncer la restriction des libertés et le retour à l’état de droit.
Confidentiel Afrique