Par Boubacar Siguiné SY
Nous remercions vivement le Professeur El Hadji Songdé DIOUF, qui nous offre l’insigne honneur et l’agréable devoir, en faisant de la cérémonie de son roman philosophique Délires, délices et dérives de Jèll Mbaam (2020), publié par les éditions Harmattan de Dakar, un moment solennel pour rendre un hommage mérité à l’immense philosophe sénégalais Mamoussé DIAGNE.
Mamoussé, comme l’appelle affectueusement et respectivement ses nombreux étudiants, dont certains sont aujourd’hui de brillants enseignants ou écrivains à l’image d’El hadji Songdé, est un modèle, un inspirateur et une figure africaine de la philosophie mondiale. Mamoussé a rendu ses lettres de noblesse à cette pensée rationnelle libre et critique sur notre continent. En exhumant les richesses perdues voire inattendues de la pensée africaine à travers la tradition historique et orale, il fait véritablement œuvre de pionnier dans une discipline longtemps confinée en Occident.
Il y a une trentaine d’années lorsque nous débarquâmes au département de philosophie de Dakar, après avoir « bu » le colossal Cours de philosophie d’Armand CUVILLIER, Mamoussé nous apparut comme la figure achevée de l’Esprit absolu non plus à cheval comme l’Empereur Napoléon dans la considération hégélienne de l’Histoire, mais l’Esprit absolu en face de nous dans les mythiques salles 3, 76 ou 77 de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Dakar.
Agrégé de philosophie, enseignant et ancien ministre, sa bibliographie prestigieuse non exhaustive avec Critique de la raison orale : les pratiues discursives en Afrique noire (2005), de la philosophie des philosophes en Afrique noire (2006), le Preux et le Sage, l’épopée de Kayor et autres textes wolof (2014), sont une belle illustration d’une vie de combat, engagée au service du savoir et de l’Humanité.
A côté et en même temps que d’autres brillants enseignants comme Alassane NDAW, Abdoulaye Bara DIOP, Mi hel LEFEBVRE, Aloyse Raymond NDIAYE, Abdoulaye Elimane KANE, Ousseynou KANE, Aminata DIAW CISSE, Souleymane Bachir DIAGNE, Djibril SAMB, Sémou Pathé GUEYE, Habib MBAYE…Mamoussé fait la fierté des étudiants tellement sa vaste culture, sa disponibilité, la clarté de ses enseignements font l’unanimité, ont et continuent de susciter de belles et riches vocations.
En vérité, nous retrouvons chez lui les trois principales qualités d’un bon pédagogue que nous nous évertuons à faire partager à nos étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education et de la Formation (FASTEF, ex ENS UCAD, Dakar) et qui consistent à maîtriser le savoir, à pouvoir le transmettre par un savoir-faire affirmé et un savoir-être exquis de générosité, d’humilité dignes d’un natif de Saint-Louis.
Nous ne saurions terminer ce bref témoignage hommage à l’un des philosophes africains emblématiques sans évoquer la toute aussi emblématique figure de sa douce moitié : le Professeur Andrée Marie DIAGNE. Celle que nous appelons affectueusement la plus africaine des sénégalaises et la plus sénégalaise des africaines, collègue et complice de Mamoussé est de tous les combats pour une Afrique réconciliée avec elle-même et au coeur de la Modernité. La Grande Royale Andrée Marie elle aussi continue de partager son savoir, son savoir-faire et son savoir-être avec des milliers d’étudiants et d’enseignants à travers l’Afrique et le monde. À elle, à Mamoussé, à la famille et aux autres Maîtres, nous souhaitons une santé de fer, une longue vie faite de paix, de bonheur et de publications sublimes à la mesure de leur incomparable et généreux talent au service de tous. MERCI MAITRE !
Boubacar Siguiné SY, Maître de conférences assimilé, FASTEF UCAD Dakar