Burkina: réélu, Kaboré entend prôner l’apaisement
Avec 57,87% des voix selon les résultats provisoires, le président Roch Marc Christian Kaboré s’est imposé dès le premier tour de la présidentielle. Il a réussi son fameux coup KO et repart pour un second mandat. Eddie Komboïgo, du CDP, l’ancien parti au pouvoir, se place en deuxième position (15,48% des suffrages), et Zéphirin Diabré, l’actuel chef de file de l’opposition, arrive que troisième avec un peu plus de 12% des voix. Dès l’annonce de sa victoire, le président Kaboré a promis une « concertation permanente » et qu’il serait « le président de tous les Burkinabè, sans exception ».
Même si l’opposition, dans une posture républicaine, a choisi de prendre acte des résultats provisoires, ces derniers jours, le climat politique s’est brusquement tendu au Burkina Faso. L’opposition a dénoncé les fraudes et les insuffisances de nature, selon elle, à entacher la sincérité du scrutin, qui a vu le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, être réélu dès le premier tour.
Apaiser les esprits et faire face au terrorisme
Selon un analyste, si sa victoire est confirmée par le conseil constitutionnel, le premier défi du chef de l’État sera donc d’apaiser les esprits. Le tissu social est déjà fragilisé par la crise que traverse le pays. Pendant la campagne, le président Kaboré a promis un forum de réconciliation nationale au premier trimestre de l’année prochaine.
Mais va-t-il avant tendre la main à certains opposants ? Il se dit, en tout cas, ouvert au dialogue. « Je n’oublie pas les électeurs qui ont fait un choix différent. J’entends leurs préoccupations et leurs critiques. Je m’engage à prendre en compte leurs attentes. Je voudrais également rendre un hommage particulier aux autres candidats de cette élection. Je suis profondément attaché à la concertation et au dialogue permanent », a-t-il déclaré.
L’autre grand chantier de Roch Marc Christian Kaboré sera celui de l’insécurité. Il a promis de renforcer les capacités opérationnelles des Forces de Défense et de Sécurité. D’après un de ses proches, le chef de l’État n’aura de cesse de rappeler ce message : « Il faut rester unis et solidaire face au terrorisme. »
La participation au premier tour s’établit à 50,79%, loin du record établi lors de la présidentielle de 2015. Le visage de la nouvelle Assemblée nationale est encore inconnu pour l’heure. La Céni a jusqu’au dimanche 29 novembre pour publier les résultats. Le Conseil constitutionnel proclamera les résultats définitifs de ce double scrutin.
L’opposition veut « préserver la paix, la stabilité et la sécurité » du pays
Selon ces résultats provisoires publiés hier par la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) Roch Marc Christian Kaboré s’est imposé dès le premier tour avec 57,87% des voix, devant Eddie Komboïgo du CDP (15,48%) et Zéphirin Diabré, l’actuel chef de file de l’opposition (un peu plus de 12%). Quant aux dix autres candidats, ils se partagent les 14% restants : Kadré Désiré Ouédraogo obtient 3,36%, Tahirou Barry 2,19%, l’ancien Premier ministre de la Transition Isaac Zida 1,52%…
Jeudi 26 novembre, peu après cette proclamation, les sept candidats signataires de l’accord politique de l’opposition ont fait connaitre leur position. La cérémonie de proclamation des résultats provisoires à la Céni s’est déroulée en l’absence des sept candidats signataires de l’accord politique. Un premier acte posé avant de délivrer leur message, lu par Tahirou Barry : « L’opposition politique prend acte des résultats provisoires proclamés par la Céni et se reserve le droit d’utiliser les voies légales de recours pour traiter des inégalités relevées au cours du scrutin. »
Les opposants rappellent, bien sûr, les insuffisances et les irrégularités qui mettent en cause, selon eux, la sincérité du scrutin. Mais, dans un esprit républicain, ils n’en appellent pas à la rue : « L’opposition politique réaffirme sa volonté renouvelée de préserver la paix, la stabilité et la sécurité au Burkina Faso en plaçant l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de toute autre considération. »
Dimanche, de nombreux électeurs le disaient : ils avaient peur des fraudes et des contestations. « Avec la crise sécuritaire et humanitaire que traverse le pays, le Burkina ne peut pas s’offrir ce luxe d’une crise post-électorale », expliquaient ces électeurs, qui étaient sans doute, dans une certaine mesure, soulagés jeudi soir. rfi