CONTRIBUTION

CONTRIBUTION – DE LA TENTATION A L’OBSESSION DU MANDAT DE TROP : A quand la fin de cette farce politique de mauvais goût en Afrique ?

La perception que nos concitoyens se font généralement de leurs représentants politiques est désastreuse. L’analyse systémique des rapports politiques entre nos dirigeants et les populations montre très clairement que nos hommes et femmes politiques gagneraient à travailler sur leur propre image. Des engagements non honorés, des promesses non tenues, des rendez-vous manqués bref, que de déceptions à l’arrivée  Un célèbre auteur analyste politique ne disait-il pas que la politique est si importante qu’il ne faudrait pas la laisser entre les mains des seuls hommes politiques. C’est dire donc que la politique est au cœur même de toute notre vie sociale, elle est le socle sur lequel repose toute la base de construction du modèle de gouvernance susceptible de générer les meilleurs résultats au profit exclusif du peuple et pour le bien-être des populations. Hélas, la pratique politique passée au laser renvoie a une toute autre réalité. Au regard du  comportement pas du tout honorable de certains de nos décideurs politiques qui, à bien des égards, ressemblent plus à des entrepreneurs politiques, il est à souligner le faible niveau de conscience démocratique et républicaine. Ces attitudes totalement aux antipodes des valeurs républicaines,  sont l’ illustration parfaite de la pratique politique très répandue dans le monde et surtout en Afrique, comme activité humaine visant la quête et la conquête du pouvoir non pas pour servir ces populations, mais plutôt pour se servir des privilèges qui s’y attachent et asservir ces dernières.

Même si nous ne pouvons pas généraliser en affirmant tout de go qu’ils sont tous ( hommes et femmes politiques ) au service exclusif de leurs propres intérêts et ceux de leur clan, en revanche, nous pouvons dire -sans risque de nous tromper-qu’ils sont très peu nombreux, ceux qui voient et développent à travers cette généreuse activité humaine , un noble idéal axé autour de ce tryptique : compétence-vertu et service sacerdotal à la collectivité nationale.

Ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui plus qu’hier dans ce monde et surtout sur cette féconde terre d’Afrique,  ce sont de vrais patriotes, de vrais démocrates et d’authentiques leaders pour bâtir une vraie nation démocratique et un bel  état de droit adossé à de solides institutions et non des dealers à la solde de lobbies et  autres forces étrangères très attachées à leur pré-carre.

Peuple d’Afrique, peuple de la CEDEAO, peuple courage, ouvrons les yeux et restons droits dans nos bottes. L’heure est très grave et le monstre est encore là.  La souveraineté appartient au peuple qui la délègue suivant un agenda temporellement encadré à travers un mandat dont les modalités de son  renouvellement sont définies dans la loi fondamentale. Seulement, en démocraties les règles de la compétition  ne sont pas toujours écrites ; Il y’a aussi et surtout un code non écrit qui relève de  la noble  dimension éthique. Il y’a également et par-dessus tout l’implacable décret divin qui est l’expression aboutie et achevée de la justice immanente.

Alors arrêtons ces petites manœuvres politiciennes pour changer les règles du jeu, tripatouiller les lois ou introduire des biais pour écarter subtilement -lors des joutes électorales- des candidats pourtant  légitimes. Arrêtons de faire du juridisme de mauvais aloi et dépassons le texte pour convoquer l’esprit qui lui est consubstantiel.

Disons-le très clairement, à la suite du brillant avocat Me Boucounta DIALLO, le débat puéril sur le 3eme mandat n’est bi politique, ni juridique, il est simplement moral et éthique. Revisitons le grand et mémorable cours magistral du très charismatique juge Keba MBAYE sur l’éthique prononcé devant un auditoire très avisé.

La maladie du mandat qui sévit un peu partout en Afrique nous rappelle fort justement que nos états ne sont pas vraiment solides.

Avoir la confiance de son peuple, faire 2 mandats et tenter de briguer un 3ieme indu,  me paraît très inélégant politiquement mais surtout moralement irrecevable.

Apprenons à sortir par la grande porte car il y’a bien une vie après le pouvoir. Barack Obama a fait 2 mandats 4 ans aux États-Unis et a cédé le fauteuil à son successeur. Il a aujourd’hui 59 ans et pourrait être  le fils de quelques uns de ces potentats africains dont certains en sont à leur 37eme année d’exercice d’un pouvoir personnel. Quel bel échec !

C’est Me Abdoulaye WADE, qui, dans une interview accordée à une grande chaîne de télé étrangère disait qu’ «il faut aider certains chefs d’État en Afrique à partir».

Pour l’instant,  restons vigilants et respectons les mesures barrières pour éviter l’effet de contagion  sous régionale quant à la quête d’un mandat indu et illicite. Il faut rompre à tout prix, la chaîne de transmission communautaire. Notre joli pedigree démocratique ainsi que les belles pages de l’histoire de notre République,  méritent tous les sacrifices pour transcender cette tentation boulimique du pouvoir qui vire à l’obsession. Puisse Dieu, inspirer positivement nos dirigeants afin qu’ils soient imbus du sens de l’histoire et émarger sur le registre de l’honneur et non des honneurs.

Amadou Moustapha DIOP

Sociologue

Militant de la société civile et lanceur d’alerte

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