Assemblée de la RDC – Nouvelle recomposition politique
L’élection de Christophe Mboso à la tête de l’Assemblée nationale en RDC est le fruit des nouvelles alliances politiques consécutives à la fin de l’alliance entre l’ancien président Kabila et son successeur Félix Tshisekedi.
Candidat unique pour le compte de l' »Union sacrée » de Félix Tshisekedi, Christophe Mboso était un des fidèles alliés de Joseph Kabila.
L’ancien président du bureau d’âge de l’Assemblée est élu mercredi en remplacement de Jeanine Mabunda, destituée le 10 décembre dernier.
Les enjeux de cette recomposition politique au sommet de l’Etat sont importants, selon Christian Moleka, politologue à Kinshasa.
Une nouvelle reconfiguration en faveur de Tschisekedi
« Nous assistons aujourd’hui à un renforcement de la majorité au niveau du parlement. La majorité FCC (Front commun pour le Congo) a éclaté et quelques uns des regroupements ont rejoint le président au sein de la nouvelle configuration qu’on appelle « Union sacrée », explique Christian Moleka.
« Une partie de l’ancien FCC et quelques regroupements politiques sont restés avec l’ancien président en devenant minoritaire, » dit-il.
Selon lui, cette situation a été possible grâce « aux consultations nationales lancées par le président Tshisekedi et qui ont servi de stratégies pour contrer les différentes tendances et de mettre en place une nouvelle reconfiguration qui change le jeu majoritaire au sein du parlement ».
En conséquence, rappelle-t-il, « le président de la République, qui n’avait qu’une quarantaine de députés au début de son mandat et son alliée Vital Kamerhe qui en avait également une quarantaine, est aujourd’hui majoritaire au sein du parlement ».
« Tshisekedi, un stratège politique »
L’analyste politique, par ailleurs coordonnateur national de la dynamique des politologues de RDC, indique que le président Tshisekedi a déployé « une stratégie politique » pour arriver à cette reconfiguration.
« Il a pu par un tour de jeu politique ramener vers lui quelques députés du FCC mais aussi ses anciens amis d’hier, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, de sorte que l’Union sacrée dispose de près de 400 députés au sein de l’assemblée nationale », souligne-t-il.
Cette situation, dit-il, mène la RDC vers un nouveau changement du paysage politique, avec plus de pouvoir pour le président de la République.
« Nous allons vers une nouvelle reconfiguration parlementaire qui change le paysage politique alors que nous avions un Premier ministre qui était du FCC. Nous allons vers une nouvelle reconfiguration où le président a renforcé son pouvoir. Il a pratiquement les mains de plus en plus libres et un Premier ministre qui viendra certainement de sa coalition. »
Quels espoirs pour le peuple ?
Pour les changements à espérer et les attentes du peuple congolais par rapport à cette nouvelle législature, l’analyste politique est sceptique.
« Attendons de voir cette majorité dans l’action parce qu’il s’agit des même acteurs politiques, qui pour certains sont depuis plus de 50 ans sur la scène politique », dit-il.
Il cite en exemple Christian Mboso, le nouveau président de l’Assemblée nationale, qui « a été 11 fois ministre depuis le maréchal Mobutu ».
« Même s’ils sont sous le leadership du président Félix, attendons de voir en terme d’actions concrètes ce que ces anciens acteurs pourront amener sous un nouveau leadership », explique Moleka.
Qui est Christophe Mboso, ancien collaborateur de Kabila ?
Christophe Mboso, le nouveau président de l’Assemblée nationale en RDC
Transfuge du FCC du président Joseph Kabila, le nouveau président de l’Assemblée nationale de la RDC, rejoint le camp de la majorité présidentielle.
Christophe Mboso N’Kodia Mpwanga, un universitaire diplômé en science politique, est le nouveau Président de l’Assemblée Nationale de la RDC depuis ce mercredi 3 février 2021.
Candidat unique pour le compte de l’Union sacrée de Félix Tshisekedi, il remplace Jeanine Mabunda, déchue le 10 décembre.
Avec une majorité écrasante de 389 voix sur 460 députés votant, Christophe Mboso N’Kodia devient le 5e président du bureau de l’Assemblée nationale.
Ceci, après avoir présidé pendant près de 2 mois le bureau d’âge.
Diplômé universitaire en science politique, économique et sociale, Christophe Mboso N’kodia a un long parcours politique d’environ 40 ans.
En 1977, il est élu député national dans le district du Kwango jusqu’en 1990, puis devient membre de plusieurs commissions parlementaires.
M. N’kodia a été plusieurs fois ministre, en occupant des portefeuilles de différents ministères notamment des Mines, de l’Energie et des Affaires Foncières, de l’Agriculture, de la Santé publique, du Travail et de la Prévoyance sociale, ainsi que des Sports et Loisirs.
Après son exil à l’arrivée de Laurent Désiré Kabila en 1997, Christophe Mboso N’Kodia revient au pays en 2003 pour occuper la fonction de sénateur du Parlement de transition.
Il sera élu député national en 2006, 2011 et 2018.
Peu avant de devenir Président du bureau d’âge de l’Assemblée Nationale et membre de l’union sacrée en décembre dernier, Christophe Mboso était un des fidèles alliés de Joseph Kabila.
Dans son premier discours, le président du parlement promet d’apporter plusieurs réformes, notamment dans les questions sécuritaires et électorales, la justice et les droits humains. bbc