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Sénégal: Le Jnim aux portes du Sénégal ? Jeune Afrique jette ses cauris et se trompe d’interprétation. Ma part de Vérité.

Par Ismael AÏDARA

Le dernier rapport de Timbuktu Institute intitulé “Menace du Jnim dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal” à servi de prétexte à Jeune Afrique pour pondre un papier dans lequel, la rédaction située au 57 bis rue d’Auteuil dans le très huppé 16eme Arrondissement de Paris, prend ses désirs pour des réalités. Sur la page Facebook du Canard « sulfureux » (le journal a été créé depuis 1960 par Béchir Ben Yahmed dont les enfants gèrent la boîte aujourd’hui sous l’aile du gourou Francois Soudan), un internaute écrit : “C’est votre souhait mais Inchaa’Allah rien ne se passera au Sénégal” alors qu’un autre se demande si Jeune Afrique est le porte-parole de Jnim ? Alliant mensonge impenitent et amalgames sur les agrégats « imaginaires » et volatiles sur le plan de l’analyse et de la prospective sécuritaire sérieuse, Timbuktu Institue semble bien tomber dans l’ivresse des théâtres d’opérations djihadistes.

Tissu d’amalgames et d’improduction technique sécuritaire 

Pour Timbuktu Institue qui a publié le rapport et sur lequel ne figure le nom d’aucun auteur (Confidentiel Afrique a amicalement écrit au directeur Bakary Sambe pour un entretien avec le ou l’un des auteurs sur les conclusions tirées et les interprétations faites par certains, notamment s’il est d’accord avec le papier de Jeune Afrique qui va au delà de la simple hypothèse exprimée) “les actions du Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimîn (JNIM) dans le sud-ouest du Mali indiquent qu’il cherche à infiltrer la Mauritanie et le Sénégal” puisque le JNIM, pour TI, a augmenté de façon exponentielle ses activités à Kayes, région frontalière du Mali avec la Guinée, la Mauritanie et le Sénégal. “Ces activités comprennent des attaques complexes contre les forces de sécurité, la coercition des civils et l’économie criminelle.”

Mais, il faut souligner que tout ce qui est écrit dans le rapport de Timbuktu Institute contraste d’avec ce qui se déroule sur les terres conquises par le Jnim et les possibilités et éventualités à craindre au Sénégal. A l’opposé des pays appelés 3 frontières (Mali, Burkina, Niger), où tirent les mouvements djihadistes leur existence sédimentée allant des montagnes Ifoghas du chef rebelle Iyag AG Ghali à  Amadou Kouffa en passant par l’entregrenouillage à cheval de la ligne du Liptako- Gourma et des rebelles tchado-nigériens, derniers résidus du terrorisme subsaharien, le Sénégal est loin de s’exposer à la puissance de feu des groupes djihadistes. Une des grosses chances du Sénégal est que les organisations et milices djihadistes sont inopérants sur le territoire mauritanien depuis 2005.

Entre le Niger, le Tchad et sur le versant Nigerian, en connexion avec des forces centrifuges Boko Haram qui s’en prennent aux plateformes pétrolières du Delta Niger, de petits groupes s’organisent. Il s’agit du Mouvement pour la justice et la réhabilitation du Niger dirigé par un chef rebelle toubou du nom de  Adam Tcheke Koudigan.

Mais il est important de souligner que les carateristiques des zones où le radicalisme s’est développé jusqu’ici à savoir l’absence de services sociaux de base de l’État, la faillite de l’administration centrale dans les territoires reculés d’un pays, les disparités sur la répartition des infrastructures et politiques de développement, l’⁠absence de système d’enseignement ou encore l’installation de réseaux d’enseignements radicaux sont totalement différentes des réalités à l’Est du Sénégal, plus précisément sur le dernier Corridor de la région de Tambacounda avec deux ponts  stratégiques : Kidira et Diboli et un peu vers sur la frontière guinéenne sur la ligne de front Kédougou, Moussala aussi. Le mensonge ici pris en flagrant délit est d’une contrainte impérieuse, ne reflétant pas les trois  caractéristiques fondamentales qui enveloppent d’habitude le modus operandi des groupes djihadistes: perméabilité du tissu communautaire, la logistique humaine, financière et le donneur d’ordre avant de passer aux actes terroristes.

Comment la promotion de la terreur nourrit son Homme?

Dans une tribune contributive, le spécialiste sénégalais en stratégies Alioune CAMARA, déflore l’impossible chaos sécuritaire. En 2016, l’UE a débloqué 8 milliards de CFA pour soutenir la lutte antiterroriste au Sénégal alors qu’on comptait sur notre sol zéro attaque. Pour obtenir ce financement officiellement destiné à renforcer la sécurité intérieure et les capacités de surveillance, il fallait créer les conditions de terreur. Ce que l’UE exigeait ? Une « zone à risque ». Et certains ont su leur en offrir une, en créant une mise en scène de l’instabilité. Et des figures comme Alioune Ndaw ont été arbitrairement ciblées, des ennemis intérieurs avaient été trouvés, des femmes voilées, des prêcheurs, ciblés par des lois liberticides. Quelques mois plus tard le magot a été livré !

 »Ce schéma n’a pas changé. Il a même été perfectionné. Aujourd’hui, Timbuktu Institute, Think Tank remplis de spécialistes tous experts du terrorisme et de l’islamisme, reproduit exactement le même modus operandi. Ils ne vivent pas de la paix, ils prospèrent sur la peur »

 »Le business model de Timbuktu est simple : fabriquer une instabilité narrative pour activer les flux financiers internationaux. Sa dernière trouvaille ? Affirmer que le terrorisme progresse vers le Sénégal à Kayes, région frontalière du Sénégal. Mais la réalité est autre  » analyse-t-il. Selon les données croisées de Human Rights Watch, d’Atrocities Watch, du gouvernement britannique et de la minusma chassée par Assimi Goita, le nombre d’attaques terroristes dans un rayon de 100 km autour des frontières du Mali est en baisse entre 2023 et 2025 comparé à la période de 2020 et 2023. Concrètement, et nous irons ici vers les chiffres, entre 2020 et 2023, il y a eu environ 50 attaques à proximité des frontières du Niger, 20 à la frontière du Burkina Faso, 5 vers la Côte d’Ivoire, 4 vers la Mauritanie, aucune vers le Sénégal » conclut l’expert Alioune CAMARA, visité par Confidentiel Afrique.

Si on regarde les données des mêmes sources, entre 2023 et 2025, ces chiffres sont en net recul. On note environ 30 attaques vers le Niger, 10 vers le Burkina, 3 vers la Côte d’Ivoire, 3 vers la Mauritanie et toujours 0 vers le Sénégal. Elle est où l’augmentation ?Dans la zone de Kayes spécifiquement, aucune attaque n’a été enregistrée à moins de 150 km du Sénégal jusqu’à ce jour.

Prenons Yélimané, la commune régulièrement citée dans les rapports de Timbuktu pour alerter Dakar. Ce dernier est à 170 km de Kidira, 1ère ville sénégalaise à la frontière avec le Mali. Et pourtant pour Timbuktu et ses experts, c’est le Sénégal qui serait en danger.

Dès 2017, l’Observatoire africain du religieux (LASPAD-UGB) écrivait que “le Sénégal n’a jamais été un pays d’islam particulièrement « bruyant », à l’image de ses voisins du Nigéria, du Soudan et plus récemment du Mali. Il n’en a pas moins développé une culture particulière d’islam qui lui a valu une réputation qui est allée au-delà de ses frontières. On parle alors de l’«islam à la sénégalaise», facteur de régulation sociopolitique, dont le modèle pourrait être un trait de fabrique que le Sénégal pourrait « vendre » au reste du monde à l’image de sa précoce expérience démocratique à partir des quatre communes (Saint-Louis, Gorée, Dakar, Rufisque).”

Le Sénégal, avec plus de 94% de musulmans, est l’un des pays les plus islamisés d’Afrique noire. Cette forte proportion en fait un pays musulman, même si la Constitution de l’État ne fait pas de l’islam la religion de la République sénégalaise.

Aussi, en analysant bien le process dans les pays touchés par le djihadisme (vastes territoires causant un défi sécuritaire dans le déploiement des dispositifs de surveillance, ⁠frustrations et conflits intercommunautaires sur fond d’⁠instabilité politique) Jeune Afrique attise du toc et surfe sur des clichés peu commodes et conventionnels. Le grand avantage du Sénégal est sa superficie permettant une maîtrise de son territoire,  où nulle part existe ⁠de réseaux radicaux… et reste l’un des rares pays au Sud du Sahara à ne pas avoir une représentation administrative ou coutumière. Fait inédit, le dernier et plus petit hameau est doté d’un drapeau du pays. Question de légitimité républicaine et de dignité humaine.

L’exception confrérique et soufie en plus de la présence des services sociaux de base sur l’entendue du territoire et la particularité communautaire des zones citées dans le rapport préservent le Sénégal des soubresauts geosécuritaires et des oiseaux de mauvais augure.

Jeune Afrique a perdu de sa superbe et de son crédit du temps où il plastronnait sur les milieux de pouvoirs en Afrique. Et depuis que nos confrères du monde ont dévoilé les dessous peu  »orthodoxes » de ses pratiques éditoriales, le Canard de la Rue d’ Auteuil verse dans de l’acharnement médiatique contre les nouvelles autorités sénégalaises qui ont fait du « souverainisme » leur viatique économique et sociale.

Bref, le rapport de Timbuktu Institute est en déphasage total avec les réalités évoquées et les hypothèses émises reprises par JA ne sont que des assertions regrettables.

Par Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)

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