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EDITO – Allez dire à ce monsieur…

Par Bacary Domingo MANE

Allez dire à ce monsieur de la Françafrique que le bourgeon de la cupidité et de l’indélicatesse ne s’épanouira sur les terres arabes du Jub Jubeul Jubanti. Sur ces terres sacrées où ont commencé à éclore les pétales de l’espoir, il n’y a pas de place pour les mauvaises herbes.

 Allez dire à ce monsieur…, qui se réjouit d’avoir écrit ses mémoires et nourrit le désir de transformer l’Afrique en un vaste marché du livre, que les africains ont tout compris. Les enfants du continent ne viendront pas, comme il le souhaite, se recueillir aux pieds du diable qui a permis à la France de dépecer, déshumaniser, spolier cette partie de la planète qui en traîne toujours les stigmates.

Allez dire à ce monsieur…que la nouvelle Afrique a choisi d’être amnésique pour avancer. Car ces mémoires sataniques vont, à coup sûr, exercer une violence symbolique sur les générations actuelles et futures qui n’ont pas vécu ces moments sombres du continent et dont un homme se targue, aujourd’hui, d’en raconter les péripéties.

Allez dire à ce monsieur de la Françafrique que sa complicité est établie dans ce qu’est devenu ce continent que la France a sacrifié  au non de sa dégradante mission civilisatrice. Les mallettes d’argent remplies dans les palais africains et convoyées en France, sentent l’odeur du sang de citoyens qui ont voulu se dresser contre l’injustice ; le sang des victimes de coups d’Etat orchestrés par l’ancien colon ; le sang des populations appauvries par une élite politique corrompue et irresponsable qui a voulu se maintenir au pouvoir, contre vents et marrées.

Allez dire à ce monsieur…, que c’est la France qui a transformé le Sahel en mouroir où des terroristes qu’elle actionne, sèment, tous les jours, les graines de la mort. Une insécurité qu’elle a créée de toutes pièces pour pouvoir exploiter les minerais.

Allez dire à ce monsieur de la Françafrique que son silence résonne toujours dans nos têtes quand le Président Sall, exerçait une violence inouïe sur son peuple, entraînant des vagues d’arrestations, d’emprisonnements, de répressions et de tueries chez les jeunes. Il le soutenait, au nom du dieu-argent, et trouvait le discours de l’opposant le plus persécuté, en l’occurrence Ousmane Sonko, «très violent». Summum de la mauvaise foi ! La morale, l’éthique, ces mots ne lui parlent guère.

Allez dire à ce monsieur… que les nouvelles générations d’africains ont sonné le glas de la honteuse Françafrique. Et le silence de Sonko, qui se bat pour l’avènement d’Etats souverains en Afrique, doit être interprété comme un mépris à l’égard du Héraut de la Françafrique aux desseins malsains.

Allez dire à ce monsieur…qui mange à tous les râteliers[1] que ces récits qu’il brandis ne seront que l’écho d’une vérité parcellaire et partiale portée et assumée par un courtier qui écumait les palais africains à la recherche de l’argent facile.

Allez dire à ce monsieur que le Président Diomaye et le Premier ministre Ousmane Sonko ont tout à perdre en s’affichant avec ce chantre de la Françafrique, toujours au service de la France et de ses intérêts.

Allez dire à ce monsieur… que son apparition, au lendemain de la conférence des Procureurs, est loin d’être fortuite. C’est un clin d’œil à l’endroit des dignitaires de l’ancien régime qui l’on servi. Il joue la carte de la diversion, en tentant, par tous les moyens,  de se rapprocher des nouvelles autorités pour offrir ses sataniques services.

Allez dire à ce monsieur… que son passé le poursuit sans répit et que l’avenir le regarde avec mépris !

Bacary Domingo MANE

(Mondeafrik.com)


[1] Chez les Balantes, populations que l’on retrouve en Casamance, notamment dans la région de Sédhiou, en Guinée-Bissau, en Guinée Forestière et en Gambie, l’expression manger à tous les râteliers signifie littéralement «manger les vivants et les morts ».

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