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Et Bakary II accosta…

Par Mamoussé Diagne, Professeur de philosophie

Pathé Diagne fut, avec Amadou Aly Dieng et Cheikh Anta Diop, celui qui avait fini de crédibiliser à nos yeux la sentence de XXXX selon laquelle, « La révolution elle-même est un acte culturel. »

Nos revendications en tant que nous nous considérions comme des révolutionnaires se cristallisaient atour de l’expression

Des revendications sans objet : nous réclamions de la Révolution,  étaient de les tirer, avec Amady Aly Dieng, ce « Socrate des Tropiques », des geôles de Senghor.

Elles se cristallisaient dans un cri : « Libérez Amady Aly Dieng et Pathé Diagne ! »

Revendications sans objet, aucun d’eux n’étant en prison, mais faciles à décliner depuis la lointaine France. C’est la preuve qu’il est possible de se battre férocement pour des héros qu’on ne connaît que de nom ou de réputation, bien longtemps avant de les connaître dans les faits.

Les faits se produisirent  un froid matin de septembre lorsqu’un jeune assistant perçut au fond de sa salle de cours une tête grisonnante, rompant la monotonie des cheveux  noirs, et qu’on lui déclara être celle d’un  certain Amady Aly Dieng, dont la trace lumineuse mènerait l’instant d’après, à la Librairie Sankoré sise en ville.

Dans ce triangle de feu, Cheikh Anta/Pathé Diagne/Amady Aly Dieng émergeait  et se mouvait la Pensée à Dakar et en Afrique de l’Ouest. La Pensée  se frayait un chemin, se ramassait pour former le grand Cogito nègre qui, en se  défendant, pouvait atteindre, par-delà l’Atlantique, l’autre bout du Monde

Pathé Diagne, luinguiste, économiste, historien sénégalais

Sur l’autre bout, aux côtes Est de l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale, à l’accueil des grands secrets venus des territoires  où le lion et la biche se racontaient des histoires  en toute amitié, en allant boire aux mêmes  sources.

Les bateaux s’étaient rangés  à côté du grand Bakary II, taillé dans le bois sec des forêts sacrées  du Sud et du Centre.

Des prêtres et des prêtresses, dans leurs habits colorés montaient à bord aux sons stridents des you-you s des griots.

C’est dans la dernière barque qu’avait pris place Pathé Fabry Diagne et ceux qui tenaient à l’accompagner, dans cette lointaine et périlleuse aventure. Ils avaient tenu à l’accompagner dans cette lointaine et périlleuse aventure. Ils affrontaient l’immense étendue liquide, n’ayant pour guide, dans leur course, que le doigt d’un petit garçon juché sur l’épaule de son père désignant  un point où jusqu’ici, tous les dieux se sont couchés. Nourris par la certitude que la ligne d’horizon est une illusion qui recule au fur et à mesure que les voyageurs s’avanceraient. Jusqu’aux mâts, dernier élément à être perçu  par les  yeux de ceux qui étaient sur la grève et sur lesquels tombait tout doucement le crépuscule (qui était un jour ensoleillé) pour ceux qui ne pouvaient plus être perçus que par des êtres volant de plus en plus haut.

Au bout du voyage, les bateaux perçurent la côte de ceux qui  furent arrachés à la terre africaine, il y a de cela longtemps, assez longtemps, très longtemps, que seul un voyage à rebours dans notre mémoire pouvait ressusciter. Seul un maître connu sous le nom de Bakary  II pouvait ressusciter au terme d’un voyage au bout de l’océan.   

Mamoussé Diagne, Professeur de philosophie                                                                                                                       

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