Présidentielle 2022 : Anne Hidalgo propose une primaire …
La candidate socialiste à la présidentielle a proposé, mercredi 8 décembre, l’organisation d’une primaire de la gauche, « arbitrée par nos concitoyens ». Peu avant, Arnaud Montebourg, autre prétendant à gauche, avait lancé un appel à construire un« projet commun » autour d’un « candidat commun ».
Une primaire « très ouverte »
« Cette gauche fracturée, cette gauche qui aujourd’hui désespère beaucoup de nos concitoyens, doit se retrouver, se rassembler pour gouverner », a estimé la maire de Paris, lors d’une courte interview dans le journal de 20 heures sur TF1. Face à la possibilité que la gauche disparaisse, elle a proposé d’organiser une primaire, « très ouverte », « arbitrée par nos concitoyens ».
« Organisons une primaire de la gauche. Que viennent participer à cette primaire les candidates et les candidats qui veulent gouverner ensemble », a insisté Anne Hidalgo, désignée le 14 octobre par un vote des militants socialistes, sans débat contradictoire avec son challenger, l’ancien ministre Stéphane Le Foll.
Si elle ne devait pas gagner cette primaire, elle a assuré qu’elle se rangerait derrière le vainqueur. Et si le scrutin ne devait pas voir le jour, se retirerait-elle ? « Évidemment non », a-t-elle répondu, alors qu’elle a affirmé avoir déjà engrangé plus de 500 signatures, nécessaires pour se présenter.
L’écologiste Yannick Jadot, qui s’était entretenu avec la maire de Paris à ce sujet, n’a pas tardé à réagir à cette initiative. « Non, je ne participerai pas à une primaire de la gauche », a-t-il répondu jeudi sur Europe 1, « un tour de passe passe » selon lui. Chez Anne Hidalgo, créditée d’entre 3 et 7 % dans les sondages, « il y a la volonté de sortir de l’impasse par une idée surprise », a-t-il raillé. Donné lui-même dans une fourchette de 6 et 9 % des intentions de vote, il a souligné avoir « déjà fait une primaire » en septembre, et a appelé les électeurs socialistes à le rejoindre.
« Une candidature d’union n’a de sens que s’il y a un programme commun »
L’ancien président de la République François Hollande, interrogé mercredi par BFMTVà Sciences Po Lille, s’est montré sceptique à l’idée d’une primaire : « Une candidature d’union n’a de sens que s’il y a un programme commun (…) Or on sait que ce n’est pas le cas » et « ça ne s’improvise pas », a estimé celui qui avait remporté la primaire en 2011, puis renoncé à briguer sa propre succession en 2016. « C’est aux électeurs de faire l’union », a-t-il ajouté.
Un peu plus de deux heures avant Anne Hidalgo, l’ancien ministre socialiste de l’économie Arnaud Montebourg avait lui aussi voulu se montrer à l’initiative. Dans une « adresse au peuple de gauche », le candidat de « La Remontada » s’est déclaré « prêt à offrir sa candidature à un projet commun et à un candidat commun ».
Faisant le constat que « l’extrême droite est aux portes du pouvoir », il a dit mesurer « la profondeur de l’aspiration unitaire qui étreint les esprits » : « Je refuse la fatalité des cinq candidatures de gauche lorsque toutes les autres familles politiques sont quasiment réunifiées derrière la leur », a-t-il écrit.
Une gauche au plus bas dans les sondages
Qu’est-ce qui a poussé Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg à faire « turbuler le système », expression utilisée par Jean-Pierre Chevènement quand il espérait créer un big bang politique ?
Affaiblie et morcelée depuis la présidentielle de 2017, la gauche est au plus bas dans les sondages, atteignant seulement, en cumulé, 25 % des intentions de vote.
Elle est par ailleurs inaudible sur ses valeurs et ses propositions, alors que le débat politique est pour l’essentiel aspiré par les questions d’immigration et focalisé sur les nouvelles candidatures à droite et à l’extrême droite. LACROIX