La fabrique des mythes et des faux prophètes en démocratie
Par Alassane KITANE, Professeur de Philosophie
Tous nos maux sont dus à notre croyance aux mythes, aux idoles. Il est des peuples, comme des individus, qui refusent de grandir. Grandir leur fait peur, car la responsabilité est lourde. Ils ont besoin de mythes sur qui se projeter. Les grands imposteurs ont compris cette psychologie des peuples. Ils s’engouffrent dans la brèche ainsi ouverte par cette sorte d’inconscient collectif pour s’offrir en rédempteurs. Leur modus operandi est simple, mais efficace : ils commencent par disqualifier tout le monde. Ceux qu’ils ne peuvent pas disqualifier ils les musèlent. Et les autres qu’ils ne peuvent ni disqualifier ni museler ils les « tuent ». La presse qui est le socle de tout contre-pouvoir, ils l’instrumentalisent en ciblant les plus fragiles (psychologiquement et financièrement). C’est ce qu’a fait Hitler. Cet homme qui faisait entrer en transe de jeunes filles quand il prenait la parole, était le plus grand imposteur du XXe siècle. « le miracle c’est que je vous ai rencontré et que vous m’ayez rencontré » disait l’homme à la petite moustache à ses fanatiques.
Personne ne peut acheter toute la presse, mais on peut acheter des individus et en manipuler d’autres par une rhétorique bien huilée. Or plus une rhétorique est simple, plus elle accroche. Il suffit de lire les grands titres à la une de certains journaux pour comprendre la supercherie dans ce qu’on appelle presse indépendante. Pour construire un mythe, on fait de sorte qu’il soit l’auteur de tous les livres, de toutes les analyses, de toutes les formules, de toutes les visions, de toutes les luttes émancipatrices. Quand une mouche vole, cette presse s’empresse de dire « Untel l’avait dit ». Quand la terre tremble, elle titre « Et si on avait écouté untel ». On leur montre le bleu du ciel, ils disent « untel avait raison de dire que le ciel est bleu ». La presse sait jouer le rôle de fabrique de mythes : elle ramène tout aux mythes, elle en fait l’alpha et l’Omega de l’univers et leur prête tout ce qui est beau, vrai, juste.
Ces propos de Hitler doivent faire réfléchir : « En créant une presse dont le contenu est adapté à l’horizon intellectuel des lecteurs les moins cultivés, l’organisation syndicale et politique tend à répandre un esprit de révolte qui rend les plus basses classes de la nation mûres pour les actes les plus téméraires ».
Alassane K. KITANE