RDC: la colère du Premier ministre Sylvestre Ilunkamba
En République démocratique du Congo (RDC), le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba exprime sa colère, au lendemain de la brève interpellation de son vice-Premier ministre en charge de la Justice, Célestin Tunda Ya Kasende. Samedi, le ministre a été interpellé et auditionné pendant plusieurs heures au parquet général sur base d’un mandat d’arrêt émis par le président de la Cour de cassation qui lui reprocherait des « faux en écriture et usage de faux ».
Célestin Tunda Ya Kasende, haute personnalité du pays, a été interpellé au lendemain d’une révélation sur sa correspondance datée du 18 juin et par laquelle il transmet au bureau de l’Assemblée nationale, sans l’avis du président Félix Tshisekedi ni du gouvernement, des observations favorables aux controversées propositions de loi sur la réforme judiciaire.
Le chef du gouvernement congolais, dans une déclaration lue ce dimanche matin par son porte-parole, a dénoncé une arrestation « brutale et arbitraire ». Il évoque dans cette déclaration une « humiliation », en « violation des règles élémentaires d’un État de droit ».
Humiliation, violation des immunités ou du secret des délibérations, la déclaration du Premier ministre manifeste une indignation sans précédent. Le chef du gouvernement avertit que ce type d’arrestation « pourrait entraîner la démission » d’un gouvernement.
Tout comme les caciques de son parti, le PPRD, il rappelle qu’aucun membre du gouvernement ne peut être poursuivi pour des opinions émises lors des délibérations du Conseil des ministres.
Dans la foulée, il indique également que les délibérations du Conseil des ministres sont secrètes et affirme que l’arrestation de Célestin Tunda ne repose pas sur des faits infractionnels.
À son chef, le président Félix Tshisekedi, il demande de veiller au respect des immunités dont bénéficient les membres du gouvernement.
Le Premier ministre ne cache pas non plus sa colère contre le parquet général près la Cour de cassation. Il réclame une « action disciplinaire » à charge des magistrats qui ont procédé à l’arrestation arbitraire de Célestin Tunda.
Sylvestre Ilunkamba met également en cause les services de police et de sécurité, déclarant que leurs agissements doivent se baser « sur le strict respect de la Constitution et des lois de la République ».
Des déclarations qu’encaisse le parti présidentiel, l’UDPS, qui se réserve à tout commentaire, pour le moment. Mais en début d’après-midi, un des proches conseillers du président Tshisekedi a fulminé, ce dimanche, contre cette déclaration du chef du gouvernement, qui « s’apparente à des injonctions » au chef de l’État.
« Le Premier ministre n’a pas pouvoir d’instruire le président de la République pour injonctions au Conseil supérieur de la magistrature », peste Adam Bombole, soutien du président Tshisekedi. En le faisant, le chef du gouvernement « a commis une faute lourde sur le fond et la forme », estime-t-il. rfi