ENTRE DERAISON ET ORGUEIL : Un Etat en quête de caractère ?
« Ce qui me bouleverse, ce n’est pas que tu m’aies menti, c’est que désormais je ne pourrai plus te croire. » Nietzche, P. B. M., Maximes et intermèdes 183
Les premières mesures prises par l’autorité
La situation du 02 mars dernier est née d’un manque de vision et du sens de la lecture. C’est l’autorité qui est la première responsable de ce qui s’est passé, de ce qui se passe actuellement. Si le pouvoir politique avait eu le caractère qui sied à sa condition, peut-être, on n’en serait pas à ce niveau de peur généralisée.
Avoir fermé les écoles et unités de formation, les lieux de culte, avoir interdit les déplacements interurbains, avoir instauré l’état d’urgence et tout ce qui tombe sous sa compréhension relevaient, toutes ces mesures, d’une certaine urgence du moment. Seulement, au bout d’un certain temps (quatre à cinq semaines), faire un bilan, une évaluation et tirer des conclusions s’imposent pour réajuster la stratégie et évoluer dans la lutte. Le mimétisme nous étouffe. Nous n’avons pas le même profil psycho-socioculturel que les occidentaux. Nous avons nos réalités et nos exigences qui sculptent notre quotidien. Nous ne pouvons pas lutter comme les chinois ou les occidentaux.
Actuellement, seules les catégories des dirigeants politicoreligieux sont sans souffrance, autrement dit sont moins touchés et sont les plus à l’aise dans cette situation. Cette catégorie de sénégalais ne souffre pas trop de la crise. La deuxième catégorie la moins affectée, c’est les fonctionnaires. La catégorie des débrouillards suffoque. Les chauffeurs sont étouffés et ne travaillent pas la nuit. Beaucoup de services sont en stand-by. Ce petit tableau dit juste ceci : les gens ne peuvent plus continuer à rester sur place. Il y en a qui doivent sortir pour survivre et c’est la majorité. La santé est très importante. Mais, qu’est-ce qu’elle est sans les moyens de vie ou de survie ?
Dans ces sphères ministérielles, on ne sent pas cet air chaud qui installe la plus large couche du peuple dans l’impérieuse nécessité de sortir en quête du pain quotidien. Sortir n’est plus les caprices de ces jeunes indisciplinés et inconscients incapables de se payer la culotte ou le sédatif. Sortir est devenu un impératif de survie. Ainsi, bloquer tout, c’est étouffer ces sénégalais qui ne sont pas dans l’élite politique et religieuse. Il est temps que les autorités fassent la psycho-sociologie du peuple. Sous le mode du tâtonnement et des calculs malsains dont le lit est la sale politique, elles posent des schémas incongrus qui ne font que se moquer de l’intérêt général. L’appel à la solidarité nationale est une idée hautement salutaire. En revanche, l’aide alimentaire est une bêtise hautement irrespectueuse. Ces autorités peuvent tromper et mentir à certains d’entre nous. Mais, qu’elles sachent qu’elles n’embarqueront jamais tout le monde dans leurs insanités et malsaines manipulations. Il faut être sérieux et respecter les sénégalais. Pour diriger un peuple, il faut éprouver et du respect et la pitié pour lui.
Elles étaient bien parties ; mais, lorsque l’argent et le pouvoir sont en jeu, voilà qu’elles « nagent dans la boue ». Honteux et pathétique, voilà ce qui se passe.
Quand l’impertinence et l’incohérence marchent ensemble, alors le nauséabond voit le jour.
De l’argent a été amassé suite à l’appel à la solidarité nationale. A cette somme s’est ajouté l’argent des fonds régionaux et internationaux. Des milliards sont en jeu. C’est là, qu’est née cette folie. Est-ce que les sénégalais ont donné de l’argent pour qu’on le distribue à des sociétés, à des entreprises, à des particuliers, à des artistes, à des journalistes ? Au lieu de faire appel à tous ces sénégalais chômeurs et ayant des diplômes en médecine, au lieu d’équiper les structures sanitaires, d’armer le personnel soignant, de relever le plateau médical, elles font un saucissonnage et promettent des enveloppes au tourisme, aux
hôteliers, aux industries. Je ne dis pas qu’il ne faut pas les aider, mais ce n’est pas le moment. En dehors de Dakar, toutes les régions médicales de ce pays nagent dans une indigence honteuse pour un pays dont les médecins font partie des meilleurs dans ce monde.
Ecoutez ces ratés de la musique qui sortent pour quémander à leur tour. Le ridicule ne tue pas dans ce pays. Le seul musicien ou chanteur qui mérite le respect et l’aide des autorités, c’est, bien entendu, Youssou Nour. Il est employeur de combien de sénégalais ? L’aider, c’est aider une partie du peuple. Mais, corrigez-moi, s’il vous plait ! Omar Pène, Baba Maal, Ismaela
Lo, le pathétique Thione Seck, qu’est-ce qu’ils ont fait pour ce pays dans leurs carrières ? Quels services ont-ils rendu à la Nation ? C’est ça, la déchéance, la putréfaction, la honte ! Ayez de la retenue et fermez là, pathétiques ! Il y a trop de comédie dans la République ! Comment ose-t-on proposer des primes de cinquante milles francs aux personnels de la santé, de sept mille cents francs aux forces de l’ordre, à ces parasites « argentivores » quatre millions cinq cent mille francs et trois millions cinq cent à ce club présenté sous le nom de « comité de suivi » ? S’ils sont de bonne foi et se réclament sénégalais, ils doivent être des bénévoles dans cette lutte. Des frais de transport, de communication peuvent leur être distribués. Comment peut-on distribuer de l’argent à gauche et à droite alors que nous sommes en pleine pandémie ? Ne doit-on pas attendre la fin pour évaluer et aider qui doit être aidé ? Les premières familles à aider sont, me semble-t-il, les familles des personnels de santé. Le mal de nos autorités, c’est qu’elles sont sans cœur, « froides », mesquines, de « de vrais singes » pataugeant dans la boue. Elles ont complètement raté ce qui devait être le principe de la lutte. En tout cas, il y a de la politique et la pire des formes.
La transparence, la justice, l’équité auraient demandé à ce que, à la place de l’achat des vivres et leur distribution, les prix fussent subventionnés par l’Etat à des prix accessibles mêmes aux familles à revenues trop faibles. Pourquoi ces remarques ? Parce que justement, c’est une contradiction d’aider certains et de laisser d’autres à leur sort. Le Sénégal est un peuple, une Nation ; nous avons tout en partage. Ce sont ces bêtes qui fréquentent la politique qui nous divisent dans une perspective connue de tous. Nous sommes fatigués et nous avons besoin d’aide à tous les niveaux. Les marabouts et les hommes qui fréquentent la politique ne vont jamais crier ainsi. Voilà le drame, le vertige, la contradiction dans nos rangs. Mensonges, tromperies, manipulations, détournement, s’il vous plait, terminez la liste. Nous sommes tous coupables. Notre sens de la compréhension, de l’acceptation, du silence, de la résignation nous rendent tous complices.
La covid-19 est une maladie, une souffrance. Voilà pourquoi elle est une bonne chose. Je respecte toutes ces familles qui souffrent des affres de la covid-19. Seulement, j’aimerai inviter tout le monde à comprendre qu’elle est un miroir pour l’humanité. La covid-19 est le miroir de l’humanité présente. Qu’est-ce qu’elle ne nous a pas révélé sur nos sociétés, nos dirigeants, nos forces, nos faiblesses, sur nous-mêmes. L’O.M.S., Bill Gates, Docteur Raoult, la Chine, combien de manipulations sont dévoilées ? Regardons nos garages, nos marchés, nos écoles, nos différents services ! Regardons dans nos cœurs, nos consciences ! Lisons en nous ! Egoïsme, inconscience, irresponsabilité, tricherie, insubordination, le complexe des hommes de tenues dans la rue, etc. Qu’est-ce que la covid-19 n’aura pas dévoilé dans ce pays ? Le mot du Pr Seydi à Ziguinchor est révélateur du désastre dans nos structures médicales.
En dehors des hommes qui fréquentent la politique et les marabouts, seuls ceux qui ont un métier (commerçants, ouvriers, bureaucrates, fonctionnaires, chauffeurs, pour ne citer que ceuxlà) parviennent à assurer le pain quotidien. En d’autres termes, ceux-là qui excellent dans l’art de voler, de quémander, de truander, de tricher, qui suivent les différents services réglant des papiers à gauche, à droite, empruntant les couloirs des différents services, ceux qui ne travaillent pas, mais mentent pour se faire de l’argent et tous ceux qui tombent sous leur compréhension sont les premiers à être affectés. Ainsi, invitation est faite à tout un chacun de trouver un métier. Le titre qui nous définit et nous confère respect et dignité, c’est ce que nous faisons, notre métier, notre travail. Quand on dit « Professeur Seydi ! » ou « le médecin » ou « le chauffeur » ou « l’agriculteur » nous manifestons une catégorie inspirant respect et considération.
Cette covid-19 aura été un rappel pour trouver du travail et respecter ce travail qui nous définit, nous fait et nous célèbre. Travailler, c’est manifester son humanité.
Du vent de l’impertinence et de la contradiction
Que les choses soient claires ! Ni enseignants, ni apprenants, ni parents d’élèves ne souhaitent une année blanche. Les enseignants n’ont que l’école et ne connaissent que l’école. Ils sont prêts à tous les sacrifices pour le déroulement normal et apaisé des enseignements-apprentissages. J’invite les parents d’élèves à interroger leurs enfants. L’enseignement n’est pas seulement un métier, c’est une passion. Les enseignants n’ont pas attendu les schémas du ministère pour engager des cours en ligne.
Demandez aux élèves ! Ils ont le pouvoir de décider, d’orienter ; mais, l’art et la passion d’enseigner appartiennent aux enseignants. Si les conditions s’y prêtent, alors les enseignants vont relever le défi. Seulement, ces autorités n’ont aucune idée claire de ce qui se passe. Elles sont étouffées par leurs propres contradictions et précipitation.
Que le ministre de l’Education se calme ! Qu’il se taise ! Qu’il laisse le soin aux autorités compétentes, celles-là même sanitaires de nous dire ce qu’il est convenu de faire. Quelle est cette manie ! Le 06 avril… Le 04 mai… Le 02 juin ! Et là encore… Quel orgueil de sa part ! Il ne sait rien de ce qu’il dit. L’enseignement n’est pas le seul secteur bloqué dans ce pays. C’est parce que l’année blanche ne les arrange pas que ces autorités sont euphoriques. Le Sénégal ne se réduit pas à l’enseignement aussi important qu’il puisse être. Deux urgences sont là: l’économie et la santé. Seules les autorités sanitaires ou scientifiques doivent être écoutées. C’est indigne de la part d’une autorité de cette nature d’opérer sous le mode du tâtonnement et de la précipitation. C’est ça, le problème de nos autorités : limitées en tout, elles pensent être les seules détentrices de l’intelligence et de la capacité à résoudre des problèmes. Elles veulent faire une équipe commune en jouant à deux jeux différents sur le même terrain et au même moment. Il leur manque une lecture globale et intelligente de la situation. Quand on est étouffé par la boulimie de l’argent et du pouvoir, alors on ne saura jamais voir clair et être objectif dans les décisions et délibérations. Actuellement, la seule compétence de la politique qui sied à la situation, c’est d’accompagner et d’encadrer les autorités sanitaires et scientifiques et les acteurs économiques.
Je ne comprends pas cette manie de vouloir, à tout prix, et sous le mode de la précipitation, reprendre les cours. Il n’y a aucun réalisme, aucune objectivité dans ce jugement. Reprendre les cours, c’est reprendre les transports. Or, il, est évident que les transports sont les « moyens » les plus sûrs pour la propagation du virus. Pour couper la chaine de contamination, il ne peut être question de libérer les transports. Aidez-moi à envisager les chemins de l’école sans les transports ! Nous avons du mal à maîtriser les cas communautaires. Que savent-ils de cas asymptomatiques ? Et alors ? Comment, dans cette ascension fulgurante de la transmission, envisager la reprise des cours ? Voilà l’impertinence de nos autorités, leur manque de sérieux, de vision, de rigueur ! Lorsque le ministre avait avancé la date du 02 juin, le président l’avait retirée sans s’en rendre compte. Avoir prolongé l’état d’urgence et le couvr-feu jusqu’au 02 juin, c’était dire, d’une façon ou d’une autre, que la date du 02 juin était déjà hypothéquée. Il y avait une mesure qui était un impératif et que les autorités n’avaient pas intégrée : aucun enseignant, aucun apprenant ne devait se déplacer sans être testé. Tous ceux qui avaient séjourné dans les zones contaminées devaient, nécessairement, d’abord, être présentés aux autorités compétentes pour subir des tests et vérifier leur état avant de s’engager dans ce chemin du retour. Je suis d’accord et comprends parfaitement la stigmatisation dont certains sont victimes dans certaines zones du pays. Evidemment, ces populations ne peuvent ni ne doivent avoir un comportement autre. Seulement, je condamne toute forme de mépris ou de violence.
Il faut croire en Dieu, être patient et prudent, respecter les recommandations des médecins, prier et attendre, non la fin, mais la maîtrise de la maladie. Il n’appartient à aucune autorité d’avancer une hypothétique date de la reprise des enseignements en dehors des médecins. Pour une fois, la politique doit se taire et laisser la science prendre le devant de la scène. Le Seul qui soit informé de la date de reprise est, bien entendu, Dieu. Et, me semble-t-il, Il ne l’a communiquée à personne. Si vous vous rendez dans les établissements, si vous voyez les salles de cours, alors vous allez comprendre que précipiter la reprise des cours est une impertinence et une erreur suicidaires. Les enseignants sont prêts à enseigner à tous les jours de la semaine, à tous les mois de l’année. Que les conditions s’y donnent tout simplement ! Vous dites qu’il n’y aura pas d’année blanche. Personne, dans ce pays, ne se la souhaite ! Mais, vous n’en savez, absolument, rien. A vous vos programmes et plans. A l’Eternel, les siens ! Respect et retenue, voilà ce qui s’imposent désormais ! Vos souhaits ne traduisent pas des certitudes. Vos inquiétudes ne sont pas des chemins à suivre ou à éviter. Dites-moi que je me trompe ! Travaillez à éradiquer ce mal. Ce qui adviendra se nommera évènement pour vous, esprits confinés ! Vous n’êtes pas de la race de ceux qui lisent l’avenir. Laissez les autorités compétentes lutter contre ce mal ! Accompagnez-les ! Encadrez-les ! Mais, retenez-vous ! Calmez ! Taisez ! Patience ! Patience ! Patience ! Quoique nous fassions, quoique nous disions, aussi compétent que nous puissions être, nous ne sommes pas maîtres de ce qui se passe. Voilà pourquoi nous devons nous y engager avec une forte dose d’objectivité, une prudence à nulle autre pareille et nous armer de notre intelligence et avancer sans précipitation, donc, patiemment.
Beaucoup de confusions ! Le langage n’est pas clair ! Plusieurs parlent de sauver l’année scolaire. Moi, ce que je vois, c’est un bricolage pour sauver les examens. Est-ce que vous pensez à ces élèves qui sont au C. M. 1, en quatrième et en première ? Pensezvous à ces élèves en sixième et en seconde ? Il faut être sérieux et cesser de tout politiser. Pensez-vous avec l’introduction des PHARES que les enseignants auront le temps de faire des remédiations en début d’année prochaine ? Contradictions sur contradictions ! Vous ignorez totalement ce qui se passe dans la plupart des établissements. La question des professeurs de philosophie, simplement, rend impossible la reprise des cours dans cette situation. Et l’E. P. S. ? Voyez-vous, vous n’avez rien compris ! Il faut être sérieux et raisonnable ! Les autorités ont minimisé l’impact des grèves. Vous me direz que tout le monde n’a pas respecté les mots d’ordre. Allez vérifier avec les chefs d’établissement ! J’ai la nausée quand j’entends le ministre réduire le temps perdu en un mois quinze jours. Oh, désolé ! Excusez-moi ! J’avais oublié la prouesse de la chaine pédagogique nouvellement installée. A Dakar, à Thiès, la connexion, la télévision, les supports ne sont pas à la portée de tous. Cessez de réduire le Sénégal en certaines régions. A l’intérieur du pays, vous allez voir des zones où il y a des enseignants sans ces ressources. Combien d’élèves, dans ce pays, ont obtenu et continuent d’obtenir le baccalauréat sans jamais toucher un ordinateur ? Ces nouvelles ressources mises à la disposition des élèves sont d’une importance incontestée. Encore, faudrait-il distinguer enseigner et communiquer : quiconque enseigne communique, mais la communication n’épuise pas l’enseignement. L’idée est bien louable, mais clairement lacunaire. Ont-ils évalué les cours en ligne ou dispensés sur les chaines pédagogiques ? Quels chapitres ont été traités ? Dans quelles disciplines ? Ont-ils vérifié avec les inspecteurs d’académies, les directeurs, les principaux et les proviseurs si tous les élèves ont suivi ces cours en ligne ou à la télévision ? Voyez-vous, leur comédie ! C’est du n’importe quoi !
Les parents et les élèves doivent comprendre que la reprise n’est pas une reprise des enseignements-apprentissages. Il faut retourner à l’école, préparer les évaluations, faire les bulletins et soumettre les élèves aux épreuves. La seule chose qui les intéresse, c’est bricoler les examens. C’est pathétique et honteux ! Le pays de Cheikh Anta Diop ne mérite pas ça !
Par ces mots, nous invitons les autorités à plus de réalisme, de rigueur, de cohérence, de prudence, de calme. Respect, prudence, sens de la responsabilité, du détail, de la mesure et de la discipline, prières, voilà ce à quoi je nous invite !
Patience ! Patience ! Patience ! Calmez ! Doucement !