Corée du Nord: Kim Jong-un apparaît en public pour la première fois en trois semaines
Kim Jong-un a participé à l’inauguration d’une usine d’engrais vendredi 1er mai, a indiqué l’agence de presse KCNA, le média officiel faisant part de la première apparition publique du dirigeant nord-coréen après des semaines de rumeurs sur sa santé
« Le dirigeant suprême Kim Jong-un coupe le ruban pour l’inauguration de l’usine d’engrais phosphatés de Sunchon », indique une dépêche de KCNA citée par l’AFP. Il « a assisté à la cérémonie », et « tous les participants ont lancé des hourrah ! » quand il est apparu, a-t-elle ajouté. Kim a également visité l’usine, et a été « informé sur le processus de production », a encore indiqué KCNA.
Le leader nord-coréen n’était pas apparu en public depuis qu’il avait présidé une réunion du Politburo le 11 avril. Le lendemain, les médias officiels avaient affirmé qu’il inspectait des avions de chasse sur une base militaire.
Les interrogations sur l’état de santé de Kim Jong-un se sont multipliées depuis son absence remarquée aux célébrations du 15 avril. Cette journée est la plus importante du calendrier politique nord-coréen car tout le pays commémore alors la naissance du fondateur du régime, Kim Il-sung, son grand-père.
Rumeurs
Les spéculations sur l’était de santé de Kim Jong-un étaient parties le 21 avril du Daily NK, média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection. Citant des sources non identifiées à l’intérieur du pays, il avait affirmé que Kim Jong-un, âgé d’environ 35 ans, était dans un état préoccupant, souffrant en plus de son tabagisme, d’obésité et de surmenage. La chaîne CNN américaine avait alors rapporté que les Etats-Unis surveillaient des renseignements selon lesquels il était en danger de mort après une opération.
Minimisant les rumeurs, le conseiller spécial à la sécurité nationale du président sud-coréen Moon Jae-in avait assuré le 26 avril que Kim Jong-un était « vivant et en bonne santé ». Selon ce conseiller, Moon Chung-in, le dirigeant était à Wonsan, station balnéaire de la côte est de Corée du Nord, depuis le 13 avril.
L’état de santé du dirigeant nord-coréen est un secret d’Etat extrêmement bien gardé, dans un pays notoirement opaque vis-à-vis de l’étranger, et où la liberté de la presse n’existe pas. En 2011, il avait fallu deux jours après la mort de Kim Jong-il pour que l’information sorte du cercle très fermé des dignitaires de Pyongyang.
En 2014, son fils et successeur Kim Jong-un avait disparu de la circulation pendant près de six semaines, puis était réapparu avec une canne. Au terme de plusieurs jours, les services de renseignements sud-coréens avaient assuré qu’il avait été opéré pour lui retirer un kyste à la cheville.
La santé du dirigeant, un point fondamental en régime autoritaire
Pour Antoine Bondaz, directeur du programme Corée à la Fondation pour la recherche stratégique, « la question de la santé du dirigeant est fondamentale dans un régime autoritaire comme la Corée du Nord où le leadership repose sur une personne. C’est le cas de Kim Jong-un. De plus, la Corée du Nord étant aujourd’hui un État disposant de l’arme nucléaire, la question de la continuité en termes de direction du pays est extrêmement importante. »
« Se poser des questions sur la succession est très importante pour mieux prévoir, ou essayer de prévoir et de se préparer à l’avenir de la Corée du Nord en cas d’une incapacité ou de la mort d’un dirigeant, dit encore Antoine Bondaz. Et cela permet aussi de faire mieux comprendre au grand public le fonctionnement du régime nord-coréen, et notamment le flou et l’opacité que le régime nord-coréen entretient récemment. Rfi